Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina


Le peuple recherche ses héros Ce 5 juillet devait être le jour de la réconciliation des Algériens avec leur pays. D’une part parce qu’il s’agit d’une journée historique mais surtout parce que le 5 juillet est la fête de la jeunesse. Rien de concret n’a été fait pour apprendre à ces 70% de notre composante humaine à aimer leur pays. Et rien n’a été fait, non plus, pour qu’ils sentent que cette journée est la leur, qu’elle est leur fête; un peu comme le 8 mars est la Journée de la femme. Une opération d’envergure nationale a été initiée pour distribuer 5 millions d’exemplaires de l’emblème national afin qu’ils flottent sur le fronton des 6 millions de maisons recensées dernièrement pour faire de ce 46ème Independance day, un anniversaire pas comme les autres.Qu’y a-t-il de plus exaltant qu’un drapeau qui flotte au vent, accroché par un Algérien fier de contribuer par un petit geste à rendre un immense hommage à des centaines de milliers de martyrs qui ont jalonné un combat qui a duré 132 années? Il existe une grande différence entre un emblème accroché sur un édifice public et un autre qui flotte à un balcon. Le premier est une obligation, un geste officiel, mécanique et anonyme qui rend invisible un symbole de l’Etat, surtout si -comme il est fréquent de le constater- le drapeau est usé et délavé, ce qui le vide de toute la charge émotionnelle qu’il est censé contenir. Le second est l’expression d’un patriotisme qui traduit tout l’amour qu’on a pour sa patrie, d’autant plus que le drapeau est propre, et attire l’attention parce que fièrement exhibé et objet d’attentions. Au lendemain de l’indépendance, posséder un drapeau était un devoir et le préparer pour qu’il soit hissé ou accroché à un balcon relevait de la dévotion. La tâche incombait au père de famille et les enfants avaient hâte de grandir pour l’imiter. Combien sont-ils, aujourd’hui, à se faire un devoir de sacraliser une opération hautement patriotique? Combien d’enfants voient-ils leurs aînés le faire et combien d’emblèmes nationaux exhibe-t-on dans un stade pour exprimer une joie et une fierté? Le qualifiant patronymique de «Djazaïri» ou «Djazaïria» dont s’enorgueillissaient un Idriss et une Ouarda, a été troqué contre un obscur «Taliani», «Marseilli» et autre «Parisiani». Les repères d’identité ont été perdus, aidés en cela par une armée de l’ombre qui n’a pas qualité pour éduquer parce qu’elle-même sous-dérivée d’un traitement destiné à produire des ersatz. A quel moment précis s’est produit la cassure? Qu’est-ce qui a fait que des Algériens qui envoyaient toutes leurs économies en devises au pays, qui faisaient obligation à leurs filles à se marier au bled et qui étaient pressés de rentrer une fois retraités, changent à ce point? Pis, qu’est-ce qui a conduit une génération à rêver de médiocrité à l’étranger alors que leur pays en a fait des médecins, des ingénieurs et des techniciens? Qu’est-ce qui a poussé des jeunes -tatillons sur la question- à opter pour un mariage avec une carte de résidence poisseuse? «Un seul héros, le peuple» disait un slogan. Où est ce héros aujourd’hui? Où est cette jeunesse qui s’échinait à étudier à la lumière d’une chandelle? Où est ce peuple? Si la jeunesse est partie chercher ailleurs ce qu’on lui promettait dans les manuels, le peuple s’est fabriqué d’autres héros. Faute d’avoir su glorifier le combat de tous les anonymes sans lesquels il n’y aurait jamais eu de 5 Juillet, le peuple a importé des «Emirs», des Oulémas, des fatwas et une nouvelle religion qui a fait de lui une masse inerte, sans repères et apatride dans son propre pays. Il n’y a qu’à voir les drapeaux italiens, français et britanniques que l’on exhibe dans les stades pour s’en convaincre. Miloud Horr


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