Le pays des Miracles
Entre le «il n’y a pas de démocratie en Algérie» de Aït Ahmed, exprimé depuis la lointaine Suisse où il savoure un exil volontaire, et les «progrès notés ces derniers mois» de Louisa Hanoune, une opposante également, mais qui se bat en Algérie, il y a comme une espèce de faux départ dans ces élections législatives qui risquent de ne pas changer grand-chose, si ce n’est le départ de (quelques) locataires occasionnels d’un fauteuil qui, lui, changera sûrement la vie de nouveaux (heureux) élus, illustrant -on ne peut mieux- le slogan «pour une vie meilleure», vieillot mais qui reste d’une actualité outrageante. Comment, en effet, croire que le député qui sera fraîchement élu le 17 mai prochain pourra contrôler le gouvernement, et légiférer, si un ténor de la politique, ancien pensionnaire de l’hémicycle, chef d’un parti bien assis et sérieux prétendant à la magistrature suprême, Louisa Hanoune en l’occurrence, n’a toujours pas, à ce jour, obtenu de réponse à une question orale posée en 2002, selon elle? Comment donner du crédit aux déclarations de responsables qui affirment avoir défini des critères rigoureux pour le choix des candidats, alors que certains d’entre eux projettent de s’inscrire, si ce n’est déjà fait, dans des circonscriptions qui n’ont rien de commun avec le critère fondamental d’éligibilité, la représentativité? Sur la base de quel programme politique l’électeur devra-il faire son choix, et donner sa caution, quand la folie du koursi fait imploser des partis, ou que des militants se sentent brusquement de nouvelles affinités idéologiques parce que le classement décidé par leurs partis (d’origine) ne leur offre aucune chance d’être député? Il n’y a qu’à se référer au cirque qui divertit les électeurs à l’approche de toute échéance importante pour comprendre que ce n’est pas l’intérêt général qui motive le jeu de coulisses et (coups) tordus. Il ne s’agit pas d’une maladie propre à l’Algérie, certes, ce qui nous console un peu.
En 1975, et considérant l’ambition de notre pays de gagner la médaille d’or alors que notre football était malade, Rachid Mekhloufi renvoya toutes les stars de l’époque, car pensant être indispensables au sport-roi, et aligna une équipe si inconnue que l’on ne donnait pas cher de sa peau. Le résultat a été au-delà de toutes espérances. Et si, face au constat d’indigence d’une classe politique, otage de sa survie et de sa rétro-magnificence, l’entraîneur national refaisait le coup, 32 ans après? N’a-t-il pas été, après tout, lui-même un acteur majeur dans les annales politiques algériennes contemporaines, alors qu’il n’avait que 25 ans? Dire que, dans notre pays, les deux tiers de la population n’ont que cet âge!
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 12/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com