Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina


Mort, la conscience tranquille ? «Maurice Papon est mort dans son sommeil». Une précision, d’apparence anodine, mais qui cache mal une arrière-pensée politique, et qui traduit tout le malaise de la France -malade de ses années noires- soucieuse de faire apparaître un criminel de guerre sous les traits d’un homme libre, mort en paix avec sa conscience. Si l’histoire, conjuguée avec le sinistre patronyme, rime avec déportation sous le régime de Vichy, il n’en demeure pas moins que la France n’est pas en paix avec la sienne. Parce que conscience ne s’accorde pas avec politique. Ni en genre, ni en nombre. Malheureusement, pour la conscience française, Papon n’a été condamné que pour la déportation de Juifs sous l’occupation nazie, mais pas pour avoir organisé la noyade de centaines d’Algériens dans la Seine en 1961, et celle d’autres, lors d’une manifestation anti-OAS au métro Charonne le 8 février 1962, avant de commanditer l’assassinat, le 14 juillet 1953 toujours à Paris, d’une dizaine d’Algériens.  Si, pour les juifs, Papon a tout essayé pour minimiser son rôle, il l’a revendiqué avec cynisme pour les Algériens qu’il fit tuer, tant en Algérie à Constantine où il était Préfet en 1949, qu’en France. Et en dépit du témoignage accablant d’un historien, Jean Luc Enaudi, qui l’accusait d’avoir laissé se produire les répressions et les meurtres des Algériens lors des manifestations d’octobre 61, la justice française ne retiendra que la déportation de Léon Librach, un Juif de 26 ans, ignorant la mort d’une adolescente, Fatima Bedar noyée dans la Seine à l’âge de 15 ans. Un témoignage(d’Enaudi) qui précipita l’ouverture des archives d’époque par la ministre de la culture, Catherine Trauttman, au profit des Juifs, alors qu’aucune démarche similaire ne sera ordonnée, concernant les Algériens. Les tractations secrètes et les falsifications de l’histoire ont opposé une résistance acharnée à la démarche algérienne. La promulgation de la loi du 23 février 2005 en offre la meilleure preuve. En 1994, alors qu’il était encore président, feu Mitterrand, n’a pas caché, à l’instar de ses prédécesseurs, qu’il avait personnellement donné des instructions au parquet pour freiner les procédures judiciaires engagées pour crime contre l’humanité lorsque les coupables sont français. Si l’humanité reconnaît que les juifs ont été persécutés car ils sont juifs, justice leur a été rendue, puisque Papon a été condamné. Tant mieux. Pourquoi, pour le devoir de mémoire, s’acharner à nier que des Algériens ont été assassinés, uniquement parce qu’ils étaient des Arabes, des «ratons» , dont la France coloniale voulait faire des Français, malgré eux? Des victimes que Papon retrouvera dans son autre sommeil.
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