Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina



Qui est la victime? Peut-on lutter contre la corruption quand le corrompu a toutes les raisons de se laisser appâter et que le corrupteur est contraint de glisser des dessous de table pour régler son problème? Qui est la victime dans ce jeu sordide décrié par les deux acteurs? Celui qui reçoit le cadeau, avantage ou largesse; peu importe l’emballage dont on enrobe le mécanisme qui permet de surmonter une difficulté -de l’obtention d’un marché juteux au simple document d’état civil- ou celui qui se lamente en affirmant que rien ne s’obtient sans contrepartie? Difficile de tracer les contours de cette frontière fragile qui existe entre la victime et le criminel.Evoquer la corruption c’est parler de l’objet qui la provoque. La concurrence pour décrocher un gros contrat génère la corruption. La pratique a droit de cité dans tous les pays sans exception, les plus développés comme les plus démocratiques, car fonctionnant sur des proportions gigantesques et impliquant des ramifications planétaires. Sans la légitimer, le simple citoyen trouverait presque naturel que l’on défende son «bifteck», d’autant plus que le concurrent utilise les mêmes armes, mais aussi parce que le citoyen ne se sent pas lésé. Bien au contraire, le Belge, le Français ou l’Algérien qui voit arriver une multinationale dans sa ville est plutôt content, car il y voit la multiplication de ses chances d’obtenir un job. Ce n’est pas de cette corruption dont se plaint le citoyen, mais de celle qui lui fait obligation de verser un dû pour un produit disponible, de payer sous peine de perdre un avantage ou de passer à la caisse pour un droit garanti par la loi. Autant de petites choses qui touchent directement à son quotidien et qui augmentent les difficultés dans lesquelles il se débat. Un billet d’avion, un dossier administratif à réceptionner, un registre de commerce ou la satisfaction d’une réclamation justifiée. Peut-on reprocher à un jeune de verser 10% de son salaire à celui qui détient la clé de son embauche alors qu’il n’est que contractuel? En théorie oui, car il suffit que tous refusent ce diktat pour que la pratique disparaisse. Dans la pratique non, car ce «tous» est individuel, secret et non indivise. Il ne garantit rien. Un simple exemple. Si la loi punit la corruption, elle ne combat pas ses effets et exige des preuves dans un bisness qui se pratique sans témoin. L’Etat est absent sur le terrain. Des fortunes s’édifient sans que ceux chargés d’en déterminer l’origine «bougent». Parce que l’on «manque» d’effectifs, de qualification, de motivation ou tout simplement parce que le contrôle est sélectif. Autant de motifs qui prouvent que le mal est bien profond.



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