Algérie

H’lal alihoum, H’ram Alina


Et l’Algérie profonde dans tout ça? Nous sommes en 2957. Il ne s’agit pas d’un (mauvais) film de science fiction, mais de la réalité. L’Algérie amazighe fête son nouvel an sur fond de manifestation culturelle, arabe, à défaut d’être universelle. Peu importe les revendications identitaires autour du choix de la date du coup d’envoi de l’événement dont Alger est la capitale, car chacun des pays arabes qui sont venus exposer (ou exporter) leurs modèles, est confronté à des revendications, qu’il s’agisse de Chleuhs, de Kurdes, d’Anizah ou de tribus berbères locales. Seul compte ce qu’apportera chaque participant, à titre individuel ou pour le compte de son pays. L’Algérie a vu beaucoup, peut-être trop, de manifestations internationales depuis son retour remarqué sur la scène internationale. Certaines n’ont pas beaucoup servi les Algériens, à l’image de ces rencontres sur l’immigration clandestine. D’autres n’ont pas, encore, eu le temps de donner des résultats. Des manifestations qui se sont déroulées dans la quasi-indifférence des Algériens préoccupés par leur seul quotidien ou la tenue d’une promesse qui tarde à se concrétiser. Et si les Algérois étaient présents en nombre pour le défilé des maquettes culturelles ambulantes, il ne faut pas y voir un intérêt culturel soudain, mais plutôt l’expression d’une curiosité passagère. Un responsable qui s’exprimait sur les ondes de la radio faisait part de sa satisfaction en mettant en avant les nombreuses manifestations institutionnalisées comme le festival de la chanson Raï, du film amazigh et bien d’autres dont les Algériens n’ont pas ou peu entendu parler. Parce que la culture ne se dessine pas. Et qu’elle est l’expression de traditions séculaires venues rythmer la vie de paysans, comme cette fête du calendrier agricole qu’on appelle Yennayer et qui se perpétue bien au-delà des seules frontières algériennes. Parce que la culture n’a pas de frontières, et qu’on a beau l’enfermer dans un ghetto, comme le Raï, elle transcende la volonté des hommes. Et les impératifs de la politique. Certes, l’événement est censé placer Alger au centre de la culture arabe. Est-il, cependant, opportun de laisser les autres villes du pays à l’écart de cet événement, mêmes si ses retombées restent aléatoires? Que deviendront les écrivains, dramaturges, intellectuels, artistes, comédiens et tous ceux qui font le monde de la culture qui n’habitent pas la capitale et qui n’auront eu ni la chance d’être «sélectionnés», ni les moyens de monter sur Alger pour s’exprimer ou faire part, aux autres Arabes, des traits de leur culture particulière?


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