Algérie

Guelma La santé, ses attributs et ses enjeux


La bibliothèque centrale de l'université du 8 Mai 1945 à Guelma a abrité dernièrement la première édition d'un colloque international sur un thème intitulé «santé et société», organisé par la faculté de droit, lettres et sciences sociales, regroupant un panel, d'éminentes personnalités universitaires nationales et étrangères des domaines de la santé, de la sociologie et de l'économie. Cette manifestation, au cachet très scientifique, dont les travaux ont été judicieusement coordonnés par le doyen de la Faculté, le Dr Belâadi Brahim ainsi que ses collaborateurs, s'est articulée autour de quatre axes fondamentaux, notamment l'approche théorique des rapports entre la santé et la maladie, les modes de vie et la prolifération des maladies, les différentes méthodes de soins et enfin le rapport de la santé avec la protection sociale. La communication inaugurale a été entamée par l'invité d'honneur à ce colloque en la personne du professeur Jean Claude Guyot, sociologue à l'université de Bordeaux 2 (France). Le conférencier estime que les travaux en sociologie de la santé relèvent, majoritairement, autant des recherches portant sur les attitudes collectives ou individuelles envers les maladies, la médecine et les professionnels de la santé que par les études sur le fonctionnement des institutions sanitaires où l'organisation hospitalière tient une place prépondérante. Il considère que la protection sociale constitue la pierre angulaire de tout système de santé qui reste liée à l'identité culturelle de tous les groupes sociaux et leurs enjeux socio-sanitaires. Aussi, les mutations socio-économiques peuvent favoriser l'émergence de sources de désertification, de désocialisation et de dissolution du lien social qui généreraient le phénomène menaçant de la marchandisation ou le «trading» généralisé éloignant la santé de la notion du solidarisme pour l'égarer dans les inégalités et les disparités. Il dira en substance «que la santé représente sans doute, par elle-même, une valeur en soi pour les individus et les groupes sociaux. Mais comme toute valeur, elle reste fondée sur les conditions concrètes qui permettent de la préserver sur les ressources matérielles et morales dont disposent les acteurs de la santé pour la promouvoir ou la restaurer». Le Dr Belâadi Brahim, sociologue, est intervenu dans une communication intitulée: «Les facteurs sociaux de l'handicap mental», en se référant aux résultats de son étude élaborée en milieu psychiatrique juvénile et disséquent les rapports entre la pathologie et l'environnement sociologique du patient ainsi que les perspectives offertes pour s'étaler sur les aspects physiologiques, héréditaires et psychologiques. M. Zennati Ahcène, cadre du centre de recherches en économie appliquée pour le développement (CREAD) a traité de la crise du système de financement de la santé en Algérie où l'on apprend que depuis la gratuité des soins instituée en 1974, les dépenses publiques n'ont cessé de régresser (60% en 1973, 18% en 1991, 28% en 1998) et qu'en 2004 le pays se positionne en queue du peloton, dans le monde arabe, avec un ratio de 3,6%/Pib/habitant. Le conférencier était revenu sur les effets de la crise économique de 1986 avec la chute des prix du baril de pétrole et les turbulences qui ont pénalisé les importations de médicaments, l'accroissement des prix sur le marché international et les contraintes capacitaires de la sécurité sociale aggravées par l'augmentation des assurés sociaux. Le Dr Bensouilah Lilia, sociologue, a conféré sur une approche sociologique des phénomènes de la santé et la maladie en société où si l'OMS définit la santé dans ses segments physiologiques, sociologiques et culturels, l'on déduit que la santé dans sa valeur idéale, demeure l'équilibre des fonctions physiques de l'individu. Dans une longue communication le Dr Amira Djouida, sociologue, a mis en relief la politique menée sur le système de santé en Algérie, en brossant un tableau chiffré des trois étapes notamment, la décade post-indépendance et le vide hérité, la gratuité des soins de 1974 à 1984 et enfin l'état actuel du système de santé. Le Dr Assia Cherif, maître de conférence à l'INPS, sociologue à l'université d'Alger, a abordé un sujet sensible de l'éducation sexuelle qui pour des raisons de réception sensorielle assimilable, émerge sous le qualificatif de «santé reproductive». La conférencière a donné les prémices d'une étude spécifique conçue en 2002 sur la santé familiale en «focus groupe discussion», réalisée auprès de 3.268 individus des 2 sexes âgés de 15 à 29 ans. Les enquêteurs n'ont pu rencontrer que la pudeur ambiante à relents culturels qui poussent les jeunes à verser dans l'autoculture par des communications restreintes. La question lancinante revient sur l'élargissement du champ de communication et de l'information. Pour abattre la culture du silence social et institutionnel sur le sujet, en tentant de lui retirer son statut d'interdit de nature morale, son caractère tabou dans une société contemporaine. Le recteur de l'université Dr Nemamcha Mohamed a présidé à la cérémonie de clôture de ce colloque agrémentée d'une remise de prix aux participants. Dans une brève allocution, il remercia tous les conférenciers dont la présence avait relevé les échanges de la communauté universitaire traçant la voie aux générations montantes dans un esprit de mutualisation du savoir.
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