Algérie

Guelma: L'historique itinéraire



Le rituel de la célèbre marche du 8 mai fatidique a bien eu lieu, jeudi dernier, quand une marée humaine a été lancée, vers 16h, à partir de la stèle «El-Karmette» empruntant dans la solennité l'historique itinéraire qui mène vers la rue du 8 mai 1945, pour s'arrêter au pied de la plaque commémorative du lieu où fut abattu le porte-drapeau algérien, le jeune Boumaza, la première victime dans la longue liste des morts dans le massacre orchestré par le sinistre sous-préfet André Achiary. Comme il y a 63 ans, le cortège était devancé par les éclaireurs scouts qui, dans leur ordre serré, portaient l'emblème national et plusieurs photos et portraits des martyrs victimes de ce massacre. Dans la sérénité du recueillement, les visages dans ces portraits n'étaient pas figés et donnaient l'impression de communiquer en réagissant avec l'hymne national entonné à gorges chaudes. Ils sont bien vivants parmi les leurs, les regards perçants, psalmodiant les incantations de réjouissance devant la montée des couleurs nationales, dans ce lieu qui fait angle avec le boulevard pavoisé du 1er Novembre 1954. Ces revenants ont été assez communiants avec la population pour exprimer leur gratitude et reconnaissance de rester en veille dans leur mémoire immortelle. Ceci était aussi l'occasion pour eux de confirmer leur destinée et rappeler qu'ils ont été des victimes innocentes de la France coloniale, arrachés de leurs domiciles pour être exécutés, sommairement, froidement ou enterrés vivants avant d'être déterrés et renvoyés à la crémation dans une éhontée expédition de nettoyage de la scène d'un crime. Ils murmuraient leurs incantations en montrant les paumes des mains blanches qui traduisaient une réponse sans équivoque à un diplomate français qui soutenait, il y a quelques jours, sur les lieux de la tragédie: «que des civils européens ont été également assassinés dans les affrontements». Ces mains propres corrigent la sémantique qui tend à détourner le cours de l'histoire. A Guelma, il n'y a pas eu d'affrontement. Il y eut un massacre orchestré, délibérément, contre les populations civiles innocentes. Le génocide a été perpétré. Le crime n'était pas parfait et l'université du 8 mai 1945 de Guelma continuera d'abriter la Tribune du colloque international sur ces massacres pour faire parler autant les archives froides que celles vivantes.
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