Algérie - Revue de Presse

Guantanamo : Des Algériens dans un labyrinthe



Les autorités américaines affirment que les responsables algériens ne veulent pas accepter le retour chez eux de leurs détenus à Guantanamo. Ce refus de leur rapatriement est jugé «décourageant» par les Etats-Unis.

C'est Sandra L. Hodgkinson, l'assistante auprès du ministère américain de la Défense, chargée des affaires des détenus qui a donné au journal « Miami Herald », un certain nombre d'indications sur le dossier des détenus algériens à Guantanamo. Le journal évoque avec des détails précis le cas du détenu Maamar Ameur qui, selon lui, il y a deux ans et demi, le Pentagone lui a permis de rentrer chez lui. « Mais il est toujours au camp 4 », est-il écrit avec la précision « il a la malchance d'être algérien ». « Cette malchance », l'auteur de l'article l'explique par le fait que « malgré des années de discussions, cette nation nord-africaine a refusé de laisser rentrer chez lui, même pas un seul de ses ressortissants détenus comme terroristes dans la base US au sud-est de Cuba ». Le « cas type » d'une telle situation - Maamar Ameur - écrit la journaliste du Miami Herald qui « pourrait être acquitté par une Cour civile américaine, mais il n'a aucun endroit où il peut aller ». Le Pentagone estime, selon elle, que 70 autres détenus se trouvent dans la même situation. Interrogée à ce sujet, l'assistante auprès du ministère américain de la Défense, chargée des affaires des détenus, a déclaré selon le journal, que « les Algériens ont décidé tout simplement de ne pas accepter le retour des Etats-Unis, même pas d'un de leurs détenus ». Sandra L. Hodgkinson juge ce refus de l'Algérie « décourageant ». La responsable américaine a tenu à préciser que « l'été dernier, Washington et Alger ont convenu de rapatrier un nombre non précisé de détenus algériens, mais l'Algérie s'est rétractée ». Les diplomates algériens auraient, selon le journal, « proposé que ces détenus retournent dans les pays où ils ont été arrêtés et non dans leur pays d'origine ». Ameur est présenté comme ayant été actif au Pakistan au sein d'associations caritatives. Il aurait quitté l'Algérie en 1990. Selon son avocat, il voudrait retourner en Algérie où vivent son épouse et ses quatre enfants. « Ce n'est pas aussi compliqué que ça », se serait exclamé son avocat, Ramzi Kassem. Mais où aller ? Au Pakistan où les services de sécurité ont aidé les Etats-Unis pour le mettre à Guantanamo ? S'interroge-t-on.

Il est noté dans le « Miami Herald », que les militaires américains ont demandé aux différents gouvernements concernés de permettre aux détenus de rentrer dans leurs pays respectifs. C'est ainsi que l'Arabie saoudite a rapatrié 100 de ses ressortissants qui, dit-on, ont bénéficié d'un programme de réhabilitation. L'on affirme que les Américains négocient avec le Yémen pour « le rapatriement de beaucoup de la centaine de détenus qu'elle a à Guantanamo ». Mais selon l'ambassadeur américain à Alger, Robert Ford, le Yémen tout autant que l'Algérie refuse de procéder aux procédures nécessaires pour le rapatriement de leurs ressortissants. Le journal américain note que le secrétaire de la défense, Robert Gates, avait dit le 20 mai dernier au Sénat américain, que c'est ce genre de situation qui retarde la décision de l'administration Bush de fermer le camp de Guantanamo. En plus des détenus algériens qui seraient au nombre de 27 et ceux Yéménites, il y a, selon le journal, 25 autres dans la même situation vis-à-vis de leurs gouvernements. Il y a selon cette source journalistique, même des Chinois qui ne pourront retourner chez eux en Chine « un pays communiste ». Interrogée sur d'éventuelles évolutions de ce dossier, une voix du ministère algérien de la Justice, qui nous a dit par téléphone être l'assistante de la conseillère de la communication, nous a répondu « faites votre demande et envoyez toutes vos questions par fax ». Mais nous en avons une seule, à savoir y aurait-il quelque chose de nouveau à ce sujet ? Une question pour une réponse algérienne officielle que nous voulons aux propos de la responsable américaine. Même, nous a souligné la voix, « envoyez votre demande par fax »...

La réaction souhaitée à des propos américains importants est ainsi restée otage d'une communication qui continue de se perdre dans le dédale de pratiques bureaucratiques insensées...

C'est Maître Mustapha Farouk Ksentini qui a, par des rappels, accepté de nous éclairer sur la position algérienne sur ce dossier. « Dans des discussions l'année dernière avec le ministère des Affaires étrangères, les Américains ont refusé d'accorder la liberté des détenus algériens à Guantanamo, ils ont voulu les livrer sous conditions », a-t-il dit. Le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH) en cite le retrait des passeports à ces détenus dès leur arrivée en Algérie, leur mise sous contrôle judiciaire et l'ouverture de procès pour leur inculpation. « L'ambassadeur américain à Alger, Robert Ford, m'a dit qu'après, les Etats-Unis ont renoncé à leurs exigences », nous a précisé Maître Ksentini. Interrogé sur l'importance ou pas des déclarations de Sandra L. Hodgkinson, cet homme de loi estime qu'« il faudrait que l'administration américaine expose les motifs de tels propos pour qu'ils soient plus honnêtes ». Il rappelle que « le refus algérien est fondé sur une question importante, celle de la souveraineté du pays ». Ksentini souligne que « l'Algérie est intransigeante à ce sujet ».

Le président de la CNCPPDH nous fait savoir sur un autre chapitre, que la commission s'active depuis quelque temps, à élaborer un rapport sur la santé en Algérie. C'est un rapport qui sera remis, selon lui, au président de la République dès sa finalisation « c'est-à-dire au début du mois de septembre prochain ». Les activités de la Commission à cet effet sont menées dans les hôpitaux pour, nous dit Maître Ksentini, « approcher le plus possible la réalité hospitalière chez nous ». Il tient à préciser que « nous ne voulons faire ni un rapport alarmant ni un rapport complaisant ». Ce travail est mené parce que, dit-il, « le droit à la santé est un droit essentiel, il relève des droits de l'Homme ».




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