Algérie

Groupe Khalifa



Révélations du liquidateur L?incroyable valse des chiffres Le dossier de Abdelmoumène Khalifa a refait surface cette semaine à travers les déclarations du liquidateur du groupe, M. Moncef Badsi, sur les plateaux de la chaîne Canal Algérie, et celles du ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, au forum d?El Moudjahid. Les plus importantes révélations sur cette affaire qualifiée de « cataclysmique » sont venues du liquidateur du groupe, lors de son passage sur les plateaux de l?émission « Enjeux » diffusée lundi dernier. Pour la première fois, depuis l?éclatement de cette affaire, un responsable dresse le bilan comptable de la banque de Abdelmoumène Khalifa treize mois après sa liquidation. M. Badsi a d?abord expliqué que sa mission s?accomplira au bout de trois ans, « si on est performants », tout en n?écartant pas un délai de plus cinq ans, si « on est moyennement actifs », et plus de huit ans, « si on traîne la patte ». Selon lui, il fallait analyser tous les comptes et 20 millions de transactions depuis la création d?El Khalifa Bank en juillet 1998 et les corroborer pour déterminer avec exactitude la situation réelle d?insuffisance d?actifs constatée et qui a atteint 166 milliards de dinars, avec une possibilité d?atteindre à la fin du processus de contrôle la somme de 220 milliards de dinars. Il a fait remarquer que la restauration des comptes a permis de « découvrir un nombre important de bons de caisse vides, des titulaires de comptes fictifs ainsi que des comptes de précarité ». Selon M. Badsi, El Khalifa Bank, avec l?ensemble des filiales qu?elle finançait (Khalifa Airways, Khalifa Location, Antinéa Airways, Khalifa Informatique, Khalifa Construction...), ne possédait pas de biens immobilisables pour être vendus aux enchères en cas de liquidation. La quarantaine d?avions qu?exploitait Khalifa Airways et l?ensemble des locaux de la banque étaient loués. « La vente des biens immobilisés, surtout les équipements informatiques et le mobilier, n?a rapporté que 300 millions de dinars. » Il a affirmé que les créances de la banque étaient estimées à 38 milliards de dinars et a reconnu que ceux à qui elle a prêté de l?argent et qui refusent de le restituer vont être poursuivis en justice. « Des poursuites judiciaires, même longues, seront engagées à l?encontre de ces débiteurs malhonnêtes », a-t-il déclaré. M. Badsi a indiqué, d?autre part, que dans le compte d?ordre de cette banque, il y avait une somme de 99,1 milliards de dinars mais, a-t-il tenu à préciser, ce fonds ne peut être récupéré dans la mesure où au moins 52 milliards de dinars représentaient la dette de Khalifa Airways. « Une compagnie qui a consommé en quatre années d?existence 740 millions de dollars sans qu?elle ait un seul bien en son nom. » « pas de faux espoirs aux victimes » Toujours à propos d?El Khalifa Bank, le liquidateur a affirmé que le montant des dettes de cette institution privée « a atteint les 117,1 milliards de dinars, son compte d?ordre 29,5 milliards de dinars et ses engagements par signature 5 milliards de dinars, alors que ses fonds propres sont négatifs. Le manque à gagner a été estimé à 16,7 milliards de dinars, soit un total de 129,9 milliards de dinars, somme qui ne reflète pas la réalité ». M. Badsi a par ailleurs précisé que l?inventaire des dettes a permis d?identifier 10 000 créanciers pour un montant de 168 milliards de dinars. Pour lui, le passif de la banque pourrait atteindre 220 milliards de dinars, soit l?équivalent de près de 3 milliards de dollars américains. Interrogé sur l?opération d?indemnisation des déposants, M. Badsi a répondu que 168 000 personnes ont été indemnisées avec un plafond de 600 000 DA, y compris celles ayant déposé des montants supérieurs à cette somme. Il a ajouté que tous les créanciers, privés algériens ou étrangers, sont traités sur un pied d?égalité. Seuls l?Etat, les organismes sociaux et les travailleurs ont le privilège de la priorité dans le traitement de leurs créances. Il a annoncé que 8000 travailleurs, « exception faite pour les pilotes », que le groupe employait, ont été ainsi indemnisés. Pour le personnel de Khalifa TV, il a fait remarquer que cette entreprise n?a aucune existence juridique en Algérie et, « par conséquent, aucun paiement ne sera engagé. Mais je suis prêt à l?aider juridiquement pour qu?il puisse se faire indemniser par le liquidateur en France. » Il a néanmoins noté qu?il n?est pas question de « donner de faux espoirs aux victimes », a-t-il souligné, « car je ne pense pas que les déposants puissent récupérer plus de 10% des montants qu?ils ont mis dans cette banque privée ». A propos du fonctionnement de la banque, le liquidateur a expliqué que « Abdelmoumène remplissait les comptes en attirant les fonds par de forts taux d?intérêt compris entre 17% et 21% par rapport à ceux pratiqués (5,4 et 7%) sur la place financière. Il a même proposé des taux de 24% pour des bons de caisse. Une partie de cet argent a été transférée vers l?étranger et a servi à l?acquisition de biens. Abdelmoumène a sali l?argent propre et non pas, comme disent certains, blanchi de l?argent sale. » Au sujet de la responsabilité de l?Etat dans cette escroquerie, le liquidateur a déclaré : « Le premier responsable n?est autre que Abdelmoumène Khalifa. Il n?en demeure pas moins qu?il y a eu beaucoup d?anomalies à la banque et autour de la banque. Les autorités n?ont pas bien réagi (...). Nous sommes tous responsables, car il y a bien des secteurs où nous sommes fragiles en matière de contrôle. » Vingt-quatre heures après ces révélations, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, s?exprimant au forum d?El Moudjahid, a déclaré qu?il y a eu « une grande avancée » dans le traitement du dossier de demande d?extradition de Abdelmoumène Khalifa par les autorités britanniques. « Le dossier judiciaire est prêt et ne lui manque que quelques détails pour le présenter à la justice britannique », a-t-il dit en précisant en aparté à deux journaux que « les nationalités britannique et française ne peuvent préserver Abdelmoumène de la justice ».



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