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Grandmaison regrette l'existence en France d'un racisme d'Etat et institutionnel




Le politologue et universitaire Olivier Le Cour Grandmaison a regretté l'existence encore, en France, d'un "racisme d'Etat" et d'un "racisme institutionnel" qui perdure parce que "couvert par le gouvernement et le président de la République".Dans un entretien accordé au site d'information Orient XXI, ce professeur de sciences politiques a affirmé que des discriminations fondées sur la race ont été clairement identifiées en France et "cela concerne une institution très particulière : la police qui est un des piliers de l'Etat".
"On est donc en droit de considérer que l'on est en présence d'un racisme institutionnel d'une part et d'un racisme d'Etat d'autre part, puisque le premier ne saurait ainsi perdurer s'il n'était couvert par le gouvernement et le président de la République", a-t-il ajouté.
Déplorant l'attitude de la police française qui, "depuis fort longtemps, se livre à des contrôles au faciès en ciblant certaines catégories de la population : les héritiers de l'immigration coloniale et postcoloniale, et plus spécifiquement les jeunes des quartiers populaires perçus comme des menaces particulièrement graves pour l'ordre public", Olivier Le Cour Grandmaison a même soutenu que "cette pratique est encouragée et défendue par les différents ministres de l'intérieur, qu'ils soient de droite ou de gauche".
"Sur le plan juridique, cela a été confirmé par un arrêt très important de la cour de cassation du 9 novembre 2011 qui a définitivement condamné l'Etat dans trois dossiers portant sur des contrôles au faciès en estimant que ce dernier avait commis une faute lourde qui engageait sa responsabilité".
Selon cet universitaire, le "racisme institutionnel" en France ne touche pas seulement l'institution de la police puisque des phénomènes relatifs à des discriminations systémiques "existent au sein de l'institution scolaire, du corps médical, des hôpitaux, sans oublier les activités sportives et les traitements indignes infligés par les autorités publiques aux migrants et aux demandeurs d'asile".
Il en veut pour preuve "la condamnation récente (2 juillet 2020) de la France par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) en raison de traitements inhumains et dégradants infligés à trois demandeurs d'asile".
"Ajoutons que cette condamnation par la CEDH est la quatrième en un mois ! Pour reprendre ce mot de Robert Badinter, voilà qui confirme sinistrement ceci : si la France est bien le pays des Déclarations des droits de l'homme, elle n'est assurément pas le pays de ces droits", a-t-il regretté.
Evoquant le discours du président français, Emmanuel Macron, sur le séparatisme, ce politologue a estimé que ce discours "contribue à renforcer le préjugé selon lequel les musulmans feraient peser une menace existentielle sur la République et l'unité nationale".
"Dès lors que l'Autre ou les autres sont ainsi pensés, présentés et jetés en pâture à ce qu'il est convenu d'appeler l'opinion publique, cela ne peut que contribuer à légitimer des mesures et des pratiques discriminatoires à l'endroit de celles et ceux qui sont ainsi stigmatisés", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, cet universitaire a affirmé que des pans de l'histoire coloniale de la France "demeurent pour partie occultés ou euphémisés par nombre de responsables politiques, de droite comme de gauche".
"Plus grave encore, et ce depuis le vote de la loi du 23 février 2005 relative à l'œuvre prétendument accomplie par ce pays dans les territoires de son empire, on assiste à une réhabilitation pour le moins singulière de la colonisation dont certains vantent de nouveau les bienfaits supposés", s'est-il indigné.
Cette loi, a-t-il poursuivi, "constitue une double exception. D'une part parce que la France est la seule ancienne puissance coloniale à avoir voté des dispositions législatives faisant l'apologie de ce passé. D'autre part parce que si l'Etat doit s'occuper de beaucoup de choses, il y a un domaine dans lequel il ne saurait intervenir, sauf à méconnaitre les principes démocratiques qui sont les siens : celui de l'histoire, surtout lorsqu'il s'agit d'en imposer une interprétation officielle, comme l'établit l'article premier de cette même loi toujours pas abrogée".
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