Gouverner, verbe du 1er groupe
En dehors des recueillements du type corbeille de fleurs à anses multiples et de gravure par laser de stèles en marbre officiel, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Houari Boumediène, la question de son mode de gouvernance a été soulevée. Pour être rapidement déposée par terre parce que trop lourde. L'homme qui a dirigé l'Algérie pendant 13 ans avec un pseudonyme a-t-il fait au mieux de ce qu'il pouvait faire ? Les réponses divergent selon que l'on soit dur nationaliste un peu aveugle ou démocrate naïf un peu mou. Mais le règne du conducator à la moustache métallique aura été marqué par cette tentative d'édification d'un Etat moderne, le culte du verbe et de la parole, la centralisation de la décision par la menace et la gestion de l'islamisme par la manœuvre, le tout couplé à un dirigisme absolu qui a rempli les prisons de contestataires et les débats sur la gestion de vides interstitiels. Dans ce chapitre évidemment, les libertés collectives et individuelles ne sont que des fantasmes de riches destinés à saper le moral des troupes en marche vers le progrès. Ça vous rappelle quelqu'un ? Oui. La ressemblance s'arrête pourtant là puisque pour Mohamed Boukharrouba, l'époque aimait les résolutions utopiques d'équations du troisième degré et surfait sur les soviétismes de mode avec les vents d'Est, étant entendu qu'il est difficile de partir de rien pour arriver quelque part. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, l'Algérie ayant à peu près tout ce qu'il faut, argent, cadres, bras, structures, terres et intelligences pour arriver à quelque chose. Au-delà de la forte personnalité de Houari Boumediène, la question revient à l'Algérie a-t-elle eu de bons présidents ? Un mauvais Président dirait qu'il y a de mauvais citoyens. Un bon Président dirait qu'il n'y a que de mauvais présidents, ce qui répond à la question mais laisse le problème en l'état.
Posté Le : 26/12/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com