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Ghoul, ou la campagne permanente


Ghoul, ou la campagne permanente
L'on devine d'ici l'agitation d'un ministre se préparant à une sortie publique. L'encadrement, central ou décentralisé, est mis sous pression : il faut trouver quelque chose à annoncer. Qu'il doive se rendre à un forum, accomplir une visite de terrain ou répondre à une question de l'APN, l'angoisse est la même : inventer une promesse qui ferait oublier celle antérieure, non tenue.Quand on essaie de se représenter ce qu'aurait pu être le pays si les promesses du gouvernement de ces dix ou quinze dernières années avaient été respectées, l'on mesure le temps que le régime a fait perdre au pays. Passons vite sur les promesses politiques : des élections transparentes, un Parlement affranchi, une presse libre, une justice indépendante, une Banque centrale souveraine...Vous rendez-vous compte ' Ça aurait pu être cela l'Algérie : une Algérie avec des terrains de jeux pour les enfants, des fermes protégées contre l'envahissement des cités-dortoirs ; une Algérie, pôle de biotechnologie, où le chèque et la monétique auraient eu cours, auraient fait foi... Une Algérie aux villes propres, débarrassée de ses sachets noirs, sans SDF, sans trop de chômeurs... Et la liste est longue des ratages nationaux.C'est peut-être Ghoul qui, dans les gouvernements récents, incarne le mieux ce style de gouvernance, tenant plus de l'agit-prop que de la gestion. Son projet-phare de ministre des Travaux publics, à savoir l'autoroute Est-Ouest, et dont il annonça vingt fois l'achèvement, est toujours en travaux. En voulant, d'ailleurs, faire filmer son activisme et prendre à témoin la presse et l'opinion de son efficacité, il aura surtout réussi à démontrer sa propension à la projection approximative. Dans cette forme de communication, on observe que les activités de siège de parti se distinguent très peu des activités d'administration d'un secteur. Et l'on convient que les dirigeants ont plutôt tendance à user de leur domaine de prérogative pour faire la promotion de leur personne et de leur chapelle politique. Or, la démocratie détient seule ce pouvoir de limiter la tentation des responsables de détourner leurs attributs à des fins politiciennes...En contexte de non-démocratie, il n'y a que la résistance sourde et résiduelle d'un encadrement imprégné de la notion de norme qui puisse limiter les effets de cette gestion propagandiste de secteurs d'activité. Mais, en vain. Sinon il n'aurait jamais dû être question d'un transport urbain maritime, véritable absurdité économique s'il en est. Faire du service public avec du transport de plaisance, c'est un peu comme faire des taxis interurbains avec des hélicoptères !...Nulle part ailleurs, si ce n'est pour désenclaver des situations insulaires, l'on n'aura eu cette idée. Parce qu'il faudrait la financer, cette excellente idée ! Comme il fallait financer la chimère des 50% de réduction des billets Air Algérie.Dans notre système, où l'activité consiste à plaire à ses supérieurs en pressant ses subalternes, les "idées", les promesses, deviennent les simples prétextes et subterfuges d'un pouvoir en perpétuelle campagne d'autopromotion. Ce faisant, le pouvoir perd de vue la finalité de ses "réalisations" et de ses promesses. Et perd le sens des réalités.M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email




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