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Ghardaïa
De folles rumeurs circulaient samedi soir, notamment sur les réseaux sociaux et certains sites d'information, sur des violences survenues à Ghardaïa, à 600 km au sud d'Alger. Inquiétudes et affolement s'en ont suivis parmi les internautes algériens, sachant que la moindre étincelle peut prendre dans la vallée du M'zab, une région qui enregistre constamment des affrontements intercommunautaires entre Châambis et Mozabites. Et pourtant, plusieurs citoyens et notables locaux, contactés par Liberté, infirmaient la survenue du moindre incident. La question mérite donc d'être soulevée : pourquoi de telles rumeurs ont recommencé à circuler tout d'un coup sur cette région' Nos interlocuteurs n'ont pas manqué de mettre en rapport le "maintien de cet état de psychose sur place" avec la supposée "arrestation par les services de sécurité algériens d'un groupe de clandestins subsahariens qui seraient venus pour espionner dans la région au profit d'Israël". Une information relayée, il y a quelques jours, par certains médias, mais qui n'a toujours pas été authentifiée.À Ghardaïa, assurent nos interlocuteurs, "les citoyens ont du mal à croire à cette histoire". La première raison étant que "le Mossad serait un piètre service de renseignement s'il venait à recruter parmi des immigrés clandestins subsahariens, alors qu'il peut se permettre beaucoup mieux". Les vraies raisons de ces rumeurs et de cet intox sont ailleurs, affirment nos sources : "L'état d'urgence à Ghardaïa a pris fin ce jeudi et le dispositif sécuritaire est toujours maintenu en place. Nous pensons qu'il y a une volonté de le renouveler pour six mois encore." Ces rumeurs seraient donc destinés à justifier la prolongation de l'état d'urgence dans la région. En effet, après les événements tragiques survenus à Guerrara, 120 km au nord-est de Ghardaïa, où 19 citoyens avaient trouvé la mort dans des affrontements intercommunautaires, un état d'urgence de six mois avait été décrété dans la région pendant l'été 2015.Un arrêté de la wilaya de Ghardaïa, daté du 12 juillet 2015, y fixait les nouvelles mesures de sécurité : "Il est interdit, pendant une période de six mois renouvelable, l'organisation de manifestations publiques, notamment les marches, les cortèges, les défilés, les rassemblements, les sit-in et les regroupements dans les localités de Guerrara, Ghardaïa, Berriane, Bounoura et Dayet Ben Sahwa." Depuis ces événements, l'état d'urgence a été renouvelé à trois reprises. Et dix-huit mois après, les citoyens de Ghardaïa aspirent à retrouver une vie normale. "Cela fait une année et demie que nous vivons dans une ville où 8 000 et 10 000 policiers et gendarmes sont déployés partout. Des barrages de contrôle routier sont pratiquement dressés à tous les carrefours et grands axes. Nous sommes interdits de rassemblement. Nous sommes soumis au couvre-feu... et cette situation devient invivable", témoignent nos interlocuteurs qui ne se font pas d'illusions quant à la levée prochaine de ces restrictions. "À deux ou trois mois des élections législatives, nous ne pensons pas que le pouvoir envisage de lever l'état d'urgence. Plusieurs signes laissent croire qu'il a bel et bien l'intention de le renouveler pour six mois encore", redoutent-ils.Mehdi Mehenni


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