«Le matraquage médiatique favorise l’islamophobie»
Une délégation algérienne du Haut conseil islamique (HCI) est à Londres pour le dialogue entre les religions et la promotion des valeurs de tolérance et des libertés culturelles.
Dans la foulée de la visite, le théologien Ghalib Bencheikh a estimé que la tolérance est, certes, un pré-requis pour pouvoir vivre en bonne intelligence, mais ce n’est pas suffisant. Il s’agit, selon lui, d’aller au-delà de la tolérance en exigeant plus de respect et de reconnaissance. Ainsi, il n’y a pas lieu d’instrumentaliser, idéologiser, domestiquer ou manipuler le sentiment religieux pour d’autres fins que celle de l’élévation spirituelle. Sur les ondes de la chaîne III où il s’exprimait, M. Bencheikh a dit que l’islamophobie qui fait de chaque musulman un terroriste est un phénomène qui s’est répandu malheureusement en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Et ceci pour deux principales raisons. La première est, d’après lui, celle de la surmédiatisation ou ce qu’il a appelé le lynchage des médias qui se sont focalisés sur le maladif, le vil, le pervers qui dénaturent toute religion.
Sans oublier, poursuit-il, que certains de nos coreligionnaires pervertissent et distordent, eux aussi, la révélation coranique. La seconde raison est que cette islamophobie a pris de l’ampleur après l’effondrement du communisme, en faisant des Musulmans leurs ennemis jurés. Pour l’islamologue Ghaleb Bencheikh, c’est vraiment fallacieux de dire que l’Occident se radicalise sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme dans la mesure où il ne s’agit en aucun cas de confronter deux entités ; l’une qu’on appellerait Occident et l’autre Islam. Mais simplement de voir, a-t-il explicité, que d’un côté il y a des éléments radicaux, ignares, incultes voire aventuriers qui instrumentalisent la religion sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. De l’autre côté, il y a bien des Musulmans occidentaux, voilà la meilleure preuve qu’il y avait un Occident islamique de 711, date à laquelle Tarik Ibn Ziad avait franchi le Détroit de Gibraltar, jusqu’à 1492 date de la découverte du nouveau monde. Selon Ghalib Bencheikh, la thèse de choc des civilisations véhiculée par Huntington n’a aucun sens puisque les éléments perturbateurs fauteurs de troubles se trouvent des deux côtés. Malheureusement, chez nous, a-t-il fustigé, il y a encore des individus autoproclamés, procurateurs de Dieu et défenseurs exclusifs de ses droits. Alors qu’ils ne cessent de tout bafouer. Contrairement à notre tradition qui est avant tout une tradition d’amour, de bonté, de miséricorde, de solidarité et d’entraide. A nous, donc, de promouvoir ces valeurs et de faire connaître au mieux les préceptes coraniques. A ses yeux, il est inacceptable et fallacieux de traiter la religion musulmane d’archaïque, d’obscurantiste, de barbare ou de terroriste et même de porter dans ses gènes les germes de la violence ou de la terreur comme essayent de le distiller certaines parties radicales et islamophobes. Il s’agit, selon lui, d’une hypocrisie terrible et d’une duplicité véritable lorsque, d’un côté, ils se prévalent des valeurs de démocratie et de droits de l’Homme et de l’autre ils instrumentalisent la religion comme le fait Philipe de Villiers lors de sa campagne électorale pour les présidentielles. Parallèlement, Ghalib Bencheikh fustige le silence des religieux en dénonçant leur lâcheté et leur frilosité. Quand on tuait, en Algérie, au nom de la religion, on égorgeait, on perpétrait les atrocités les plus inacceptables, qui heurtent la conscience humaine, on n’a pas vu, s’est-il interrogé, dans les rues arabes et islamiques, sur ordre de fatwas, condamner et s’élever contre ces dérives meurtrières. Et maintenant les même religieux, a-t-il expliqué, se taisent devant l’instrumentalisation, certes par des islamophobes, de la tradition religieuse. L’islamologue a reconnu le grand retard pris en ce sens qu’on ne rattrapera, peut-être, plus jamais. Seulement, il a appelé à l’intelligence hybride des hommes et des femmes, celle du cœur et de la raison privilégiant le dialogue et la rencontre sereine et fraternelle autour des valeurs humanistes que de laisser place à la bêtise, à l’imbécillité et à la confrontation qui dégénèrent tout de suite au conflit. Il a tenu à souligner enfin à ce que nous cessions de rendre les uns et les autres mécréants en prétendant être les seuls dépositaires de la vérité absolue. Le rôle du musulman dans la société multiconfessionnelle, par contre, est de continuer à afficher un comportement aimant et aimable. Le prophète Mohammed (QSSSL) n’a-t-il pas dit un jour que «je ne suis venu que pour parachever ou accomplir la noblesse des vertus». Voilà les valeurs dont nous nous prévalons, inscrites en lettres d’or au cœur du message coranique.
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Posté Le : 05/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com