Algérie - Revue de Presse

Funérailles de Ben Bella: La délégation marocaine interrompt sa visite à Alger



Le dossier sahraoui, contentieux qui envenime les relations entre Alger et Rabat, s'est invité contre toute attente, aux obsèques nationales du premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella. Le retrait de la délégation officielle marocaine dépêchée par le souverain alaouite Mohamed VI pour le représenter aux funérailles d'Ahmed Ben Bella est plus qu'un incident diplomatique. En effet, et alors que rien ne présageait d'une telle issue, la délégation marocaine, conduite par le chef du gouvernement Abdelillah Benkirane et Taieb Fassi Fihri, conseiller du roi, qui s'était pourtant recueillie devant la dépouille du président défunt qui était exposée au palais du Peuple à Alger, et participé au déjeuner offert par les autorités algériennes en l'honneur des délégations du Maroc, de la Tunisie, conduite par le président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, et mauritanienne conduite par le Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Lakdaf, a décidé de se retirer, une fois arrivée au cimetière d'Al Alia. Selon la dépêche de l'Agence marocaine de presse, MAP, «une fois sur place, la délégation marocaine s'est rendue compte de la présence protocolaire d'une délégation du Polisario conduite par Mohamed Abdelaziz. Devant une telle situation, la délégation marocaine s'est immédiatement retirée».

Les représentants de Mohamed VI ont regagné l'aéroport d'Alger où ils ont été salués, comme à leur arrivée, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.

 Le roi marocain avait adressé, jeudi dernier, un message de condoléances au Président algérien Abdelaziz Bouteflika, à la suite de la mort d'Ahmed Ben Bella, soulignant que «la disparition de ce leader historique n'est pas seulement une perte pour le peuple algérien, mais aussi une perte pour la fraternité maghrébine dans ses racines profondément établies et aussi pour la nation arabe à laquelle il s'était dévouée pour la défense de son unité et sa grandeur». Cet incident traduit, à lui seul, le fossé qui persiste toujours entre les deux capitales, quant au problème sahraoui.

 Malgré un début de réchauffement entre les deux pays aux plus hauts niveaux de décision, le conflit du Sahara Occidental vient rappeler les difficultés de normalisation totale des relations entre le Maroc et l'Algérie. Le Sahara Occidental est une ancienne colonie espagnole, annexée en 1975 par le Maroc, une zone que le royaume considère comme faisant partie «intégrante» de son territoire. Si Rabat propose une large autonomie du Sahara Occidental avec un gouvernement et un parlement locaux, sous sa souveraineté, le Front Polisario rejette le plan marocain et réaffirme «le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», via un référendum. Christopher Ross, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, avait estimé, en janvier dernier, que la situation de blocage actuel dans les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario pourrait conduire à une « reprise des hostilités militaires». Le diplomate américain qui avait, rappelons-le, remplacé le Néerlandais Peter Van Walsum dont le mandat n'avait pas été renouvelé par Ban Ki-moon, avait déjà souligné, en octobre 2010, la complexité de sa mission, en vérifiant sur place à quel point les positions étaient « éloignées» entre le Maroc et le Polisario. Bien que les deux parties ont «confirmé leur volonté de poursuivre le processus de négociations», de l'aveu même de Ross, on est loin d'un règlement politique du conflit. Rappelons que les frontières terrestres algéro-marocaines, qui courent sur plus de 1.500 km, sont fermées depuis 1994 après un attentat islamiste à Marrakech que Rabat avait imputé, à tort, aux services secrets algériens.




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