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Frilosité de Benflis devant les Béjaouis



Frilosité de Benflis devant les Béjaouis
Lyès MenacerL'officialisation de tamazight a été au c?ur du discours de campagne du candidat indépendant Ali Benflis lors du meeting qu'il a animé jeudi dernier à la salle omnisports de Béjaïa.«Je m'engage devant vous à faire reconnaître, par l'Etat, la réalité qui est la notre», a-t-il déclaré devant une salle comble. «Le reniement de la personnalité et de l'identité algériennes est la pire des choses à faire. Il n'y a pas péché plus criminel que celui-là», a-t-il dénoncé avant de promettre, en des termes nuancés, l'officialisation de tamazight. En effet, le candidat malheureux à la présidentielle de 2004 a déclaré : «Si je suis élu président, je ferais admettre tamazight par le dialogue et non pas par le mépris.»Ali Benflis voulait-il tout simplement dire, autrement, qu'il allait soumettre la question de l'officialisation de la langue amazighe à un référendum 'Il n'en dira pas plus, mais il a tenu à rendre hommage aux victimes du Printemps berbère de 1980 et ceux du Printemps noir de 2001.Sa venue dans l'ancienne capitale des Hammadites s'est déroulée sans heurts et l'assistance, qui criait «Benflis Président», a eu droit à de longs hommages aux figures et symboles de la Kabylie, à commencer par les victimes de l'insurrection de 1963 qu'il a évoquées en saluant le parcours du fondateur du Front de forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed. Le candidat à la présidentielle, qui estime être l'élève de la démocratie devant la réputation de l'ancienne Bougie, a affirmé que sa venue dans la région et sa participation au scrutin n'a rien d'une ambition personnelle.«Je n'ai aucune ambition pour servir ma petite personne. Vous, qui êtes des damnés de la terre, vous avez refusé de plier à la dictature et à l'injustice. C'est pour cette raison que vous êtes exclu du développement», a-t-il martelé en citant quelques noms des villes de la wilaya qui ont besoin, selon lui, d'un véritable plan de développement.«Je suis ici pour ramener la paix, l'emploi et le développement», a-t-il insisté, sous les applaudissements qui fusaient de la salle. Pour lui, la wilaya de Béjaïa est victime d'un blocus économique parce qu'elle «refuse de céder» à ceux qui veulent ruiner le pays en dépensant l'argent public sans aucun contrôle, a-t-il affirmé.M. Benflis ne manquera pas l'occasion pour dénoncer, indirectement, les plaisanteries de mauvais goût d'Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne de son rival politique et candidat à sa propre succession, Abdelaziz Bouteflika. Il dira, avec un ton dur que «la gestion des affaires publiques, la responsabilité de l'Etat ne se font pas par la plaisanterie, l'insulte et le mépris. On ne fait pas de ça le mode de fonctionnement de l'Etat». «Je milite pour la démocratie depuis mon jeune âge et j'ai assumé de nombreuses responsabilités, aussi bien au sein de la justice, de la défense des droits de l'Homme qu'au FLN, où j'étais responsable du parti pendant trois ans. Mais il ne m'est jamais venu à l'idée d'insulter les Algériens qui sont un peuple éduqué et respectueux», a conclu M. Benflis pour clore le volet politique de son discours, avant de se lancer dans la lecture de certains points de son programme pour la libération des médias, aussi bien publics que privés, la réforme de l'université et du système éducatif, qu'il considère comme les deux premiers piliers de développement économique et technologique d'un pays, tout en insistant sur la sauvegarde de la culture, les traditions et de la personnalité algériennes.Il a aussi adressé un message à la communauté algérienne à l'étranger, sachant que la Kabylie est l'un des pourvoyeurs de travailleurs émigrés pendant des décennies.La mise en ?uvre d'une nouvelle Constitution a nécessité pour Ali Benflis un long exposé. «J'assume le passé politique et la gestion des affaires de l'Etat, mais nous devons changer les méthodes de gestion qui ont mené notre pays à une crise à tous les niveaux», a-t-il dit, expliquant qu'il faudrait commencer par la rédaction d'une Constitution en associant «toutes les sensibilités politiques et sans en exclure aucune une fois le travailfini».L'ancien Chef du gouvernement, au début du premier mandat de Bouteflika, n'a pas expliqué si ce sera par la mise en place un groupe de travail sous forme d'une constituante pour la rédaction d'une nouvelle Constitution s'il venait à être élu, un rêve cher à l'ancien leader du FFS, Hocine Ait Ahmed, aujourd'hui en retrait à cause de son âge avancé.L. M.Affirmant que l'armée devrait s'occuper uniquement de la sécurité du pays :Benflis veut rouvrir le dossier des camps du SudArrivé tard en fin d'après-midi du jeudi à Jijel, où il a animé un meeting à la salle omnisports, au c?ur de la cité des dix mille logements au chef-lieu de la wilaya, Ali Benflis a évoqué le dossier des détenus des camps du Sud des années 1990, au début de la décennie noire. Il a affirmé à ce propos qu'il ouvrira ce dossier explosif, s'il venait à être élu président de la République le 17 avril prochain. Il a soulevé cette question après avoir longuement rappelé les différents événements et lois qui ont suivi cette période sombre de l'histoire de l'Algérie post-indépendance. Mais pour lui, cela ne peut se faire sans une justice libre et indépendante. «La justice doit être soumise uniquement à la loi et à la conscience des magistrats», a-t-il dit d'emblée, expliquant devant un auditoire jeune et enflammé qu'il faut tout changer.À commencer par la mise en place d'une Constitution où le Parlement aura plus de pouvoir, «un pouvoir réel, parce que la souveraineté populaire est dans un Parlement qui doit être indépendant», a affirmé Ali Benflis. «Il faut donner les moyens de gouvernance au peuple, à commencer par le respect de libertés», a assuré M. Benflis, qui avait passé dans la matinée du jeudi un test réussi à Bejaia où il avait été chaleureusement accueilli par ses partisans et des curieux qui étaient venus nombreux l'écouter. Il dira aussi qu'«il faut laisser la politique aux politiques. L'armée et les services de sécurité sont là poursurveiller et sécuriser nos frontières contre tous les dangers qui guettent l'Algérie», a-t-il dit.L. M.




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