Algérie - Allergologie

Forte pollution et nouveaux modes de vie: Plus de 4 millions d’Algériens touchés par les allergies




Forte pollution et nouveaux modes de vie: Plus de 4 millions d’Algériens touchés par les allergies




3,2 à 6,5% des Algériens sont atteints d’asthme, dont près de 50% d’origine allergique. 25 à 30% souffrent de rhinite, dont 35 à 40% d’origine allergique.

Les allergies respiratoires – asthme, mais aussi rhinite et conjonctivite allergiques – affectent de plus en plus de personnes dans leur quotidien. Les problèmes respiratoires liés à des allergènes (pollens dans le «rhume des foins» saisonnier, mais aussi acariens, poils d’animaux toute l’année) sont donc un sujet de préoccupation même chez les non-allergiques. Les spécialistes expliquent que pour qu’une allergie apparaisse, il faut plusieurs éléments: un terrain génétique favorable et, dans l’environnement, plusieurs allergènes.

Certes, une rhinite peut apparaître peu sévère au regard d’autres pathologies, de même qu’une conjonctivite ou qu’un asthme équilibré. Pourtant, ces maladies altèrent la qualité de vie et peuvent s’aggraver, se chroniciser. Il est donc important de se soigner, de ne pas négliger un nez bouché ou qui coule régulièrement, des yeux qui rougissent ou qui piquent, des sifflements respiratoires.

L’environnement est donc, selon les mêmes spécialistes, à l’origine de certaines formes d’allergie sachant que de nouveaux allergènes sont apparus, certaines plantes, fruits ou polluants, mais il reste que les principaux responsables, neuf fois sur dix, de ces maladies sont les acariens, pollens, poils et squames de chat, enfermement des habitations, tabagisme passif, stress, pollution automobile. Leurs concentrations sont plus élevées dans l’air, selon de récentes études. Il est donc clair que le mode de vie est fortement incriminé.

En Algérie, tous ces facteurs sont réunis. En effet, l’amélioration des conditions d’hygiène est patente dans la population générale et les bouleversements que connaît la société sont édifiants, estime le Pr Nafti, chef de service de la clinique des maladies respiratoires à l’hôpital Mustapha Pacha.

«Changement des conditions de vie, nouveaux matériaux de construction, confinement, chauffage, forte urbanisation, pollution domestique, tabagisme, pollution environnementale due en grande partie à une circulation automobile sans cesse croissante avec l’utilisation de carburants polluants (gasoil)», a-t-il souligné.

Cependant, il semble que l’allergie survienne plus volontiers chez les personnes qui ont été peu exposées aux agents infectieux au cours de leur enfance.

Aussi, l’hypothèse hygiéniste pourrait expliquer l’augmentation de l’incidence de l’allergie, a-t-il ajouté. Une personne sur 5 est allergique sur les 20% des patients sensibilisés aux allergènes aéroportés. Ainsi, l’allergie est une maladie classée par l’OMS au 4e rang mondial des pathologies.

Le risque de terrain allergique est majoré en cas d’antécédents personnels ou familiaux d’allergie ; on sait que le risque de développer une symptomatologie allergique est de 30% si l’un des deux parents est allergique et de 70% si les deux parents sont allergiques.

La rhinite allergique doit être considérée comme un facteur de risque très important de l’asthme, a expliqué le Pr Abderrezak Gharnaout, chef du service pneumologie à l’hôpital de Rouiba. Il explique que les sujets atteints de rhinite allergique ont 3,5 fois plus de risque d’être asthmatiques que les sujets normaux, que 20 à 40% des patients ayant une rhinite allergique souffrent d’un asthme et que les patients asthmatiques ont majoritairement une rhinite associée.

Les facteurs déclenchants sont identifiés, en l’occurrence les pollens (pariétaire, graminées, olivier et cyprès qui représentent plus de 75% du flux pollinique de la ville d’Alger), la blatte, les moisissures (surtout en été) et les squames et poils d’animaux (chat et chien), a indiqué le Pr Gharnaout en précisant que les facteurs aggravants sont la pollution atmosphérique et le tabac actif ou passif et de signaler que «la complication fatale de l’asthme en exacerbation non pris en charge précocement reste le décès».

Il y a aussi, a-t-il ajouté, les autres formes d’allergie causées par les aliments (lait, œuf, poisson, cacahuètes, moutarde…), les piqûres d’insectes (abeille et guêpe ; en Algérie, il y a beaucoup d’allergies le venin d’abeille), les médicaments (beta lactamines et aspirine), le latex (surtout en milieu de soins).


Le tabagisme passif complique les allergies:

Les résultats de la dernière étude réalisée en 2008, Air Mag (Asthma Inside Reality in Maghreb), menée dans le but d’évaluer la prévalence de l’asthme et son niveau de contrôle ainsi que la prévalence de la rhinite allergique, ont montré que le tabac reste un facteur aggravant, a souligné le Pr Gharnaout.

Ainsi, la prévalence retrouvée en Algérie est de 3,1% pour l’adulte et 4,1% pour l’enfant. Elle est proche de celle retrouvée au Maroc et en Tunisie.

Le niveau de contrôle est de 24,1% chez les adultes et de 31,6% chez les enfants.

«Le tabagisme est un des facteurs d’aggravation supplémentaires de l’asthme et peut entraîner des répercussions sur la vie quotidienne plus importantes que chez les non-fumeurs», a-t-il précisé en signalant que l’étude a montré que 20% des asthmatiques sont fumeurs, alors que «le tabac aggrave l’inflammation des poumons et accélère l’évolution vers l’insuffisance respiratoire», a-t-il ajouté.

Selon le Pr Gharnaout, «à l’inverse, l’arrêt du tabac permet d’obtenir une nette amélioration de l’asthme». Il est donc démontré, selon cette étude, que le tabagisme passif accroît l’incidence et la sévérité de l’asthme chez les enfants exposés. Le danger reste encore plus important chez l’enfant exposé au tabagisme passif ; il est sujet à développer des bronchites, bronchiolites et pneumonies. Il a trois plus le risque d’hospitalisation. Le risque d’hospitalisation est trois fois plus.

Les résultats de l’étude ont révélé que le risque d’asthme augmente de 21% lorsque l’un des parents fume.
Les enfants allergiques ont plus souvent de l’asthme si les parents fument, conclut-on. D. K.


Djamila Kourta



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