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Foncier, dépeçage et projets factices




Selon notre correspondant local, Madame la wali de Relizane vient d'avertir les « investisseurs » de la région qui ont bénéficié d'assiettes de terrain pour lancer une activité économique. Ceux d'entre eux qui n'auront pas lancé leur projet d'ici la fin de l'année se verront retirer leur terrain. En lisant ça, la première chose qui vient à l'esprit est d'ordre chronologique : la situation du pays et le rythme de l'activité nationale ayant été du niveau que tout le monde connaît ces derniers temps, il n'est pas hasardeux de penser que l'essentiel de ces « attributions » de terrains a été opéré sous l'ancien régime, avec toutes les déductions logiques qu'on peut en tirer. À Relizane comme partout ailleurs, aux quatre coins de notre vaste et beau pays, on sait ce qui a été fait du patrimoine foncier national : un dépeçage en règle entre pontes et clients du système, selon une hiérarchie bien établie. Comme pour toutes les autres formes de prédation, c'est la position de chacun dans la pyramide qui détermine les possibilités d'accès et la qualité ou la part du « camembert » auquel on peut prétendre. C'est également le même rang dans l'« organisation » qui fixe la procédure : un jeu d'enfant pour les plus puissants qui n'ont qu'à demander ou prendre, de petites formalités sans grands désagréments pour les cercles intermédiaires et quelques « cahiers des charges » pour les autres qui doivent satisfaire à un minimum formel qui se décline souvent sous forme de « projets d'investissement » pour lesquels il fallait bien inventer des retombées utiles à la collectivité. D'une façon générale, le résultat est le même ou juste nuancé. Des terres agricoles immenses et fertiles ont été accaparées sans qu'un oignon y pousse. D'autres espaces ont été cédés pour le prix d'un sandwich avant d'être détournés de leur vocation ou « lotis » pour la vente. Et des pans entiers du pays sont restés en attente d'un feu vert pour en faire ce qu'on veut, les projets d'investissements ayant à la base été conçus comme d'enfantins et grossiers tours de passe-passe. Il faudra un jour faire la lumière sur la grande imposture du « parc » des Grands-Vents qui allait devenir une... promotion immobilière. Il faudra compter le nombre de « pépinières » dont l'activité n'est qu'une occupation-subterfuge parce que ça répond légalement à une « activité agricole »... En attendant de voir ce qu'on peut en faire de moins encombrant et surtout de plus rentable ! On peut continuer les exemples mais il se posera vite un problème d'espace. Il serait intéressant de savoir si, d'ici l'expiration de l'ultimatum de Madame la wali de Relizane, combien de projets seront lancés, quel est leur niveau de viabilité et dans quelles conditions ont été effectuées les transactions. Pas seulement à Relizane mais dans tout le pays, car l'opération aura, dans la foulée, révélé l'immensité de la rapine en l'occurrence. Et l'ampleur des dégâts qu'elle aura causés, qu'on ne peut pas ignorer parce qu'elle ne concerne pas le haut de la pyramide.S. L.


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