Folio

La femme est pour le poète algérien Abdelhamid Djeloul(1) un symbole d'une importance fondamentale, celui de l'existence. Nous devons la reconnaître et l'aimer, et à ce prix nous apprendrons que la naïveté de l'amour touche aux limites de la vie. En ce sens, même le poème est connaissance relative, car c'est de la relativité seule et de la compréhension des relations entre les choses et les notions (les mots) que naît l'absolu de l'homme.L'absolu est ainsi l'objet du poème, et le poème un journal poétique. Et il s'ensuit encore que l'ode à l'amour est un «témoignage», une «approche lyrique» de la vie elle-même :«Tendre dame des oiseaux,Magicienne en bleu,Mais belle avant tout dans son mutisme,En bas, en bas regardentSes yeux irréels».Parfois, Abdelhamid Djeloul crée des néologismes qu'on a peine à traduire mais qui font état du second aspect de sa poésie : un effort pour saisir le frémissement de la réalité dans un parallélisme perceptible et d'un effet immédiat. Son ouverture aux «sens» a alors une forme imaginaire lorsque le thème d'un poème, émergeantd'un détail significatif ou de telle situation (Celle du mâle face à la femme), il se crée au fur et à mesure comme révélation de la plus intime relation entre «lui» et «elle» :«Aime-moi. Aime-moi malgré ça !Tonnerre fistuleuxSous le bras du ciel il hurle drôlement,Ça fume au-dessus des collines de la chair.Que chacun s'apprête pour la route».On peut donc avancer que certains poèmes d'Abdelhamid Djeloul plongent dans «les sens», et tentent de saisir l'éphémère d'un instant humain vécu avec intensité. Très chargée sur le plan de la signification, sa poésie est souvent audacieuse. Elle éclate et découvre ses éléments. On peut noter aussi le désir simple d'une paix intérieure que le poète cherche en la femme, dans le sentiment d'un chez-soi auquel il est viscéralement lié :«Tu fais des cabriolesEt pour un instant tu es tout à fait heureuse.Permets-moi d'encore un peu te porter dans mes bras».La modernité de l'écriture d'Abdelhamid Djeloul réside en ce que presque chaque scène, chaque détail de la vie ordinaire d'un être humain peut lui devenir poésie ; il poétise le quotidien.