Algérie

Foire ou déversoir ?


Le 12e Salon international de l?automobile d?Alger a ouvert ses portes hier au public. A l?image des précédentes éditions, particulièrement depuis l?installation en Algérie de concessionnaires européens, américains et asiatiques de réputation internationale, le rendez-vous de cette année ne manquera pas de drainer de nombreux visiteurs, qu?il s?agisse de candidats potentiels à l?acquisition d?un véhicule neuf ou de simples curieux, des inconditionnels parmi les inconditionnels du salon, pour lesquels la foire est, chaque année, l?occasion renouvelée d?un rêve éphémère que l?on ne rate jamais. L?Algérie est le seul pays au monde où un concessionnaire, fraîchement installé, défiant toute logique économique, peut réaliser la prouesse commerciale d?exhiber un carnet de commande d?un modèle de véhicule qui vient tout juste de sortir des usines de fabrication comme le vante fièrement cette publicité parue dans la presse nationale. En règle économique, les rendez-vous des salons et foires économiques et professionnels sont et doivent être le reflet du niveau de développement économique d?un pays. Un salon de cette dimension n?a de sens que si, au préalable, le pays organisateur remplit au moins ces deux conditions premières. Il faut , d?une part, un marché qui est disponible aujourd?hui en Algérie ? cela jusqu?à nouvel ordre ? notamment avec les nouvelles facilités de crédit automobile accordées par les banques aux particuliers. Il faudrait aussi, en parallèle, une production nationale de qualité pour éviter le piège mortel de l?importation érigée chez nous en doctrine économique tout en ?uvrant, à terme, à inverser les termes de l?équation en privilégiant d?abord le produit national et en faisant en sorte que le produit ou le bien de consommation ou de production importé ne soit rien d?autre qu?un plus qui viendra se surajouter à la production nationale. Il est un fait que l?Algérie est encore loin d?avoir atteint ce niveau de développement économique et industriel qui fera d?elle un pays créateur de richesse, un pôle industriel doué de capacités de production et d?innovation concurrentielles. Mais notre pays a-t-il seulement les ambitions d?une telle politique ? Et pourtant l?Algérie remplit toutes les conditions des pays émergents d?Asie et d?Amérique latine qui ont bouleversé en quelques années l?ordre économique mondial dominant ? Est-il normal et économiquement sain et justifié qu?un pays qui sommeille sur un matelas de réserve de change de 110 milliards de dollars, qui dispose de compétences éprouvées de cadres, d?ingénieurs, de techniciens, d?électro-mécaniciens et de mécaniciens qui ont fait leurs preuves dans de grandes firmes de construction automobiles à l?étranger et au niveau des concessionnaires implantés en Algérie qui s?arrachent cette main-d??uvre qualifiée, n?ait pas réussi à produire un véhicule au label algérien ? Même les ex-pays socialistes de l?Est qui ne furent pourtant pas des modèles en termes de production et d?innovation ont eu leur fameuse « Trabent » et autres véhicules qui avaient fait la fierté de ces pays dans des périodes difficiles d?austérité et de fermeture de leur économie !
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