Algérie - Mohamed Amine MESLI


Feu Cheikh Amine Mesli
Amine Mesli est né à Tlemcen le 16 Février 1955 et ravi le 02 Avril 2006 à la famille Mesli; à sa deuxième famille Nassim El-Andalous et à toute la famille andalouse.
Ce jeune Cheikh de la musique andalouse de l’école de Tlemcen s’est éteint à l’âge de cinquante et un ans (51ans) à la suite d’une longue maladie.
Bien que cette durée soit courte, le parcours a été néanmoins des plus riches tant sur le plan professionnel que sur le plan artistique. Son passage laisse une marque indélébile aussi bien dans l’association Nassim El-Andalous que dans la famille andalouse. Chirurgien-dentiste de profession, major de sa promotion par ailleurs, né d’une famille aristocrate, Amine a fait ses débuts de musique au lycée Benzerdjeb auprès de Cheikh Mustapha Bereksi.
Dès l’installation de toute sa famille à Oran, il a pu intégrer en 1972 l’orchestre Nassim El-Andalous dirigé alors par Yahia Ghoul; il a pu donc participer à ce moment à toutes les manifestations en particulier au 3eme festival de musique andalouse à Alger en 1973 (3eme prix).
Il est donc membre de l‘association et luthiste il s’affirme de jour en jour au sein de l‘orchestre. Cet amateur commence alors à faire un travail de titan à savoir collecter et enregistrer tout le répertoire de l’école de Tlemcen concernant la sanâa, le hawzi et le mdih. Si la majeure partie des enregistrements venait de son oncle maternel, Abdeldjellil Triqui, Amine n’a négligé aucune source; très souvent il se déplaçait avec son magnétophone à Oran ou Tlemcen pour enregistrer tel ou tel morceau; ce qui fait que sa magnétothèque est riche et complète; et s’il a déjà prodigué de son vivant un maximum de morceaux, le trésor qu’il a laissé reste inépuisable. Ce travail a été fait tout au long de sa vie artistique; même à quelques mois avant sa mort lors d’une rémission de sa maladie il s’est déplacé à Tlemcen pour enregistrer une bande magnétique de Redouane.
De même dans ce travail de collecte et dans le souci de préserver le patrimoine, Amine a frappé à la porte d’un cheikh amoureux et jaloux jusqu’à la fin de sa vie de cette musique, en l’occurrence Cheikh Abderrahmane Sekkal qui a ouvert grandes ses portes; avec sa kouitra il a pu enregistrer à Amine une multitude de morceaux notamment le gherbi. Cependant la source la plus féconde reste Redouane car jusqu’à sa mort le contact existait par Yahia lors de ses déplacements.

Dans ce contexte et devant l’abondance des enregistrements de Redouane, Amine a pu réaliser un autre travail mais alors de synthèse à savoir; reprenant les différents enregistrements de Redouane qui sont faits bien sûr à différentes périodes, il a pu classer tous les hawzi, les gherbi et le mdih ; quant à la sanâa il a pu classer tous les morceaux d’une même nouba en une seule « nouba » ; tous les morceaux de la même nouba sont d’abord répertoriés et classés comme s’ils étaient interprétés en un seul moment ; et cette « nouba » est destinée à l’enseignement; c’est dire toute la patience et tout le temps consacré.
De tout ce qui a été collecté, le répertoire de l’orchestre Nassim El-Andalous s’enrichissait de jour en jour aussi bien sous la houlette de Yahia Ghoul que de Amine Mesli.
En effet, lorsque Yahia Ghoul devait partir aux Etats- Unis pour ses études de spécialisation, la chefferie de l’orchestre fut confiée à Amine Mesli. Et le choix de Yahia a été judicieux car Amine avait toutes les qualités pour cette fonction : la richesse de la matière, la passion pour la musique, la personnalité, le sérieux, la stature.
Il a pu travailler conjointement avec Yahia pour la préparation de la nouba et du hawzi ; ce qui fait qu’il a pu intégrer parfaitement le mizane de l’école de Tlemcen; n’oublions pas que Yahia a fait un travail remarquable sur le mizane de l’école de Tlemcen ; Amine avait en plus ses repères particulier qui l’aidaient dans l’enseignement et qui pouvaient lui permettrent de rester maître du morceau. De part son caractère tout ce qu’il pouvait entreprendre il doit le faire correctement et le réussir; c’est dire tout son sérieux pour la préparation de la nouba et du hawzi.
Dans le programme de l’association Nassim El-Andalous chaque année une nouba et un hawzi sont "travaillés" : programme préparé pour le festival de musique traditionnelle principalement, mais aussi pour d’autres manifestations éventuelles.
Durant la période de vingt années jusqu’à sa maladie, les noubas ont été interprètes à deux ou trois fois mais avec des morceaux différents. Les morceaux mis en surface sont les plus difficiles mais certainement les plus beaux. Il faut dire aussi que même les éléments de l’orchestre- qui sont à majorité universitaires- étaient motivés et répondaient favorablement au dialogue avec Amine. Durant cette période, Amine a donc dirigé de main de maître, et là le palmarès peut le prouver à toutes les manifestations culturelles aussi bien sur le plan national (Nassim El-Andalous primé premier prix à trois printemps d’Alger successifs) que sur le plan maghrébin au Maroc, en France la consécration à l’Opéra Garnier à Paris, en Hollande et en Jordanie.
Conjointement au travail tracé annuel et la participation aux différents festivals et manifestations culturelles, Amine s’est intéressé au medh mais le mdih particulier des zaouïas. L’on sait qu’une grande partie du patrimoine musical andalous a été conservé par les zaouïas se retrouvant dans le répertoire a de la musique andalouse; c’est pourquoi Amine a pu collecter un maximum de mdih auprès de gens le possédant, en particulier Hadj Mohamed Cherrak (véritable encyclopédie ).
Trois années de suite (1982-1983-1985) ce répertoire a été interprété à l’occasion du Mawlid Ennabaoui Echarif; Amine a pu donc compulser tout ce répertoire et surtout le mettre à la portés de l’orchestre; de morceaux uniquement chantés, remis sur la sellette avec mizane et prêts à être interprétés par les instruments. D’ailleurs les textes existent sur un livre réalisé par Amine. A propos de livres, tous les inqlabates ont été répertoriés par mode et la majeure partie a été interprétée; c’est aussi un travail de Amine. Il a pu réaliser ce que l’on appelle la nouba des inqlabates interprétée aussi bien devant le public algérois que le public tlemcenien; c’est dire tout le travail gigantesque fait par Amine Mesli au sein de l’association Nassim El-Andalous.

Amine n’était pas seulement chef d’orchestre mais aussi tantôt président tantôt vice-président de l’association. Il a participé affectivement à la bonne marche de l’association. Des hommages ont été rendus aux vieux maîtres Cheikh Abdelkrim Dali, Cheikh Redouane, Cheikh Omar Bekhechi et Cheikh Mustapha Bereksi. Encore une fois, c’est Amine qui a pu donner les renseignements utiles de chaque cheikh et agir efficacement dans l’organisation des hommages. Aucun des éléments de l’association ne peut oublier l’hommage de Cheikh Redouane pendant lequel le cabinet de Amine s’est transformé en véritable atelier ou tout se préparait.
A ce moment l’association Nassim El-Andalous a été sollicitée par Radio France pour enregistrer un C.D; cette maison d’édition a exigé un nom d’un musicien: c’est celui de Amine qui fut proposé étant le chef d’orchestre et c’est pour faire sur le C.D nouba sika il y’a et le nom et la photo d’Amine, un autre C.D a été enregistré en France à la maison OCORA interprétant la nouba hsine et des morceaux de hawzi.
Somme tout le parcours de Amine si riche fécond et ce n’est pas juste rendre si on lui donne le titre de « Cheikh ». A Paris, lors d’une rémission de sa maladie il a pu travailler et donner tout ce qu’il pouvait à l’orchestre « Les Airs Andalous » qui témoigne toujours de son apport. A quelques mois avant sa mort, il a tracé un programme pour l’année pour Nassim El-Andalous et a pu assister à quelques répétitions.
Cependant nous devons nous incliner devant la volonté divine, la maladie a progressé et la mort a frappé à la porte, connaissant toute la foi inébranlable de Amine et tout son courage pendant les années de la maladie. Aussi Dieu lui ouvrit les vastes portes de son Paradis.

Remerciements à Dr. Yahia Ghoul, Salim Mesli et Ryad Bouziani de Nassim El Andalous pour leur collaboration.


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