Fête des plages

La fête des plages, cette tradition ancestrale à Oran a vite été oubliée. Aujourd'hui, elle est carrément méconnue des estivants. Elle consistait à célébrer, chaque année, la clôture de la saison estivale, soit le 13 août, avant d'être fixée au 15 août.Une journée au cours de laquelle on ne se baigne pas pour se consacrer exclusivement à la fête, flâner dans les quartiers et se mettre dans l'ambiance qui s'annonçait.Cette année, bien qu'on soit à la fin du mois d'août, rien de semblable n'a été fêté à Oran. En effet, chaque année au 15 août, à la Corniche oranaise, la fête commençait dès l'après-midi sur la place du centre-ville de Aïn El Turck qui s'ornementait de guirlandes et de fleurs. Des stands de foire foraine étaient aussi installés. Partout, chez les marchands de glaces, les pâtisseries, les belles terrasses de café et de restaurant, dont le célèbre Palm Beach, tout le monde est sur son 31 pour fêter dans la joie cette journée exceptionnelle.Une estrade est également érigée sur la place jouxtant la mairie pour accueillir les artistes de différentes nationalités qui se relayaient pendant toute la soirée.Des noms pourtant illustres, entre autres Abdelwahab Doukali, Abdelhadi Belkhayat, Vigon avec sa célèbre reprise de Stevie Wonder Pollution, El Hadja El Hamdaouia, Bouteldja Belkacem, Cheïkha Remiti, ne rataient jamais ces journées spéciales. Les familles affluaient de toutes les communes d'Oran pour passer une belle soirée jusqu'au petit matin sur les rythmes endiablés de ces artistes. Mais la particularité de la fête des plages réside dans le fait que c'est toute la population locale qui prenait part, des semaines auparavant, aux préparatifs, aux côtés des responsables locaux.L'implication est totale, on s'agite de partout pour être à prêt le jour «J», chacun y apporte sa touche, et l'on se fait un honneur de réussir ce rendez-vous car il ne faut pas perdre la face devant les hôtes de la commune.Quant au clou de cette fête, il est dans les jeux de société organisés durant toute la journée dont celui du «Facteur». Ce jeu consistait à acheter, au prix symbolique de 50 centimes, une petite enveloppe surprise, et la mission était confiée à un enfant qu'on appelait et habillait à l'occasion, «le facteur», portant une sacoche dans laquelle se trouvaient ces enveloppes surprises. Une fois ouverte, la surprise consistait soit en un jeu de gage rigolo à effectuer, soit pour les chanceux, se voir offrir gratuitement un gâteau, une glace ou une peluche. Un jeu auquel s'adonnaient volontiers les parents et leurs enfants.Pour les nostalgiques, on attend l'arrivée de l'été juste pour vivre cette fête des plages. Un moment simple, anodin, mais magique. Aujourd'hui, de toute cette fête et cette ambiance de gaieté, il n'en reste plus rien!