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Festival off d'Avignon


Festival off d'Avignon
Yasmina Khadra raconte l'histoire de Turambo (comprendre Arthur-Rimbaud), un jeune homme qui a pris le nom de son village algérien détruit par un glissement de terrain dans les années 1920.Le hasard le met en contact avec un entraîneur de boxe. Il deviendra un champion, connaîtra la consécration, puis les assises en raison d'un meurtre commis par erreur sur son ami dont il pensait qu'il avait tué sa maîtresse. Voilà un résumé succinct d'un beau texte rempli comme il se doit chez Khadra de tiroirs empreints de lyrisme.Pour le metteur en scène René Chéneaux, rencontré à Avignon, l'auteur «fait ressortir l'humanité des personnages qui ont tous un chemin qui vient de leur fragilité.Ce ne sont pas des puissants, stéréotypés, démonstratifs, mais des gens qui ont un c?ur et essaient de chercher chacun sa vérité».C'est ce qu'on découvre, selon lui, dans la parole de Khadra faite pour être dite. Même si elle prend le biais d'une belle écriture, elle reste le signe porteur de l'oralité : «Cela a une éloquence extraordinaire. Surtout, sa force, c'est sa rythmique, c'est une parole musicale. Chaque phrase trouve un équilibre sonore, elle est presque plus importante par sa musicalité que par ce qu'elle dit réellement.En travaillant précédemment dans Les sirènes de Baghdad, je me suis dit que ce n'est pas un roman, c'est une pièce de théâtre. J'ai eu envie de le mettre en scène. Il y a un arrière-plan, un arrière-monde théâtral chez Khadra».Le reste, c'est simplement le talent des acteurs (Rachid Benbouchta, Jean-Baptiste Siaussat, et Catherine Le Hénan) qui incarnent la chair de cette parole. Sur scène, trois personnages. L'un est Turambo, l'autre joue alternativement les personnages masculins qu'il rencontre. Le troisième est une femme qui raconte l'histoire.Au début, nous explique René Chéneaux, ce qu'il l'avait touché c'est le titre : «J'ai su avant même d'avoir ouvert le livre que je travaillerai dessus. Il est à la dimension de Khadra : une énigme. Qu'est-ce que ça veut dire les anges meurent de nos blessures ' Est-ce que les anges sont plus fragiles que les humains, qu'une simple blessure humaine fait mourir un ange ' Ou est-ce que l'ange c'est nous ' Et que l'ange meurt en nous-mêmes quand on est blessé ' Il y avait différents sens et j'ai eu envie d'explorer cette chose étonnante chez lui.Pour Khadra, l'homme est premier. Il connaît les mythologies de tous les pays, de toutes les religions, qui est capable de faire une synthèse et de parler à tous. Il est capable d'une alchimie exceptionnelle pour fédérer. En dépit des conflits, des dominations, les exploitations, il pointe l'humanité, un dialogue, des relations vraies. Il en ressort l'universel».Quant à savoir s'il adaptera d'autres livres de Khadra, ses yeux brillent et sa voix est vivace. Son rêve, c'est que Khadra arrive un jour dans la cour d'honneur du Palais de papes, haut lieu mythique du festival In d'Avignon qui régulièrement voit monter les plus grands, souvent William Skakespeare.Mais Cheneaux n'en démord pas : «Khadra parle pour tellement de monde, il a tellement de générosité. Aujourd'hui, il a trop de monde qui se trouve en dehors de la culture de l'institution. Pour moi, il est important que Khadra rentre dans ces cercle-là.Pas seulement au plan théâtral, mais aussi littéraire. Il mérite qu'on lui donne une place parce qu'il représente, au sens poétique, beaucoup de monde. Il laisse rêver avec la possibilité de raconter leur propre histoire sans baisser les yeux». On peut prendre date !




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