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Festival de théâtre off d'Avignon



Festival de théâtre off d'Avignon
Bientôt quinquagénaire, après deux décennies de création théâtrale sur des thèmes divers, le comédien Abdel Bouchama est revenu à son identité sur la scène du Off d'Avignon.Le migrant est «le témoin de l'inanité des confits de civilisation et c'est pourquoi sa parole n'est pas entendue». Qu'à cela ne tienne ! Il pose la question de l'origine de façon universelle. «C'est un texte viscéral», nous a-t-il expliqué. «Il était dans ma tête depuis quatorze ans, au décès de ma mère. Il fallait que je remonte les racines. C'était physique.Je me devais de comprendre d'où je venais, moi qui suis né ici en France. J'ai fait une commande d'écriture à Gilles Desnots pour cela, car je ne souhaitais pas moi-même rentrer dans des clichés, je voulais éviter la moralisation ou la revendication. Je devais poser des questions, faire des ouvertures dans lesquelles chaque spectateur réagisse comme il le ressent.»Aujourd'hui, dans le contexte social et politique tendu fait de rejet et de fermeture, cette question en deux temps : «T'es qui toi ' T'es d'où '» est renvoyée à la face de ceux qui la posent. Quelle réponse apporter à ce déni d'être comme tout le monde, dans un monde mélangé comme le sel se mêle à l'eau de la mer '«J'ai 49 ans. Je pense qu'à 20 ans je pensais à cette question. A la trentaine, je pensais à d'autres choses, mais cela m'était toujours égal, aujourd'hui il y a de moments où on se cherche. Il y a en tout cas des mots que j'accepte plus difficilement. Il faut cependant refuser toute victimisation. Bien sûr, j'en parle et j'ai été victime du racisme, mais je ne peux m'y résoudre.» Le regard sur la personne venue d'ailleurs est pourtant acéré, qu'on le voit ou pas.Cette pièce répond à cette situation bancale dans laquelle des gens d'ici sont vus comme des gens d'ailleurs, dans leur étrangeté. «La pièce invite à s'interroger et cette altérité est intéressante à voir, à ressentir, d'où que l'on soit», clame le comédien. En tant qu'artiste, le «je» est toujours un autre, et l'autre est toujours «je» : «Je m'en amuse, même si parfois c'est agaçant.» Peut-être voudrait-on en tant que comédien faire autre chose que de revenir à l'identité. «Oui, c'est pourquoi j'ai demandé à l'auteur de parler le moins possible du Maghreb pour éviter la relation franco-maghrébine.Elle y est quand même, mais il y a une ouverture sur la migration de façon générale. Pour moi, ce texte est une quête d'existence, il n'est pas intellectuel. Il fallait que je le fasse, c'est intérieur.» Dans son prochain spectacle en préparation, un homme retrouve sa compagne après des années de prison. La question, c'est comment on se retrouve, est-ce qu'on peut survivre, après les dégâts que peuvent causer la prison et la séparation ' Là-aussi une question de dédoublement de la personnalité.


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