Algérie

Faute de frappe


A la grande joie des salons de coiffure, des cafés pour chômeurs et des journaux privés, le Président aura été au centre d?un feuilleton qui ne connaît toujours pas d?épilogue, haletant suspense qui tient en haleine toute l?Algérie. Qu?est-ce qu?il a ? Qui l?a tué ? Vous le saurez bientôt en lisant le prochain épisode des aventures de Bouteflika à Paris. Mais si, à 68 ans, il est normal de faire un passage à l?hôpital, le goût du secret, l?amour pour le mensonge d?Etat ajouté à l?attitude séculaire du « tout va bien » des autorités en charge de la communication avec la base, aura fini par convaincre tout le monde que quelque chose ne va pas. Car, et chacun le sait, on ne va pas dans un hôpital militaire français pour une simple gastrite. Pour autant, est-ce grave ? Non, affirme Jacques Chirac, président du pays d?accueil, qui dit avoir « le sentiment que les choses se passent bien au Val-de-Grâce ». C?est un sentiment et non une information, le traité d?amitié algéro-français s?arrête donc là, aux portes de l?hôpital militaire parisien. Les militaires algériens tiennent d?ailleurs là peut-être une revanche sur l?homme qui les a écartés des centres de décision ; sans les militaires, pas de rétablissement puisque le Président, civil, est passé sans escales de l?hôpital militaire de Aïn Naâdja, Alger, à l?hôpital militaire du Val-de-Grâce, Paris, pour se soigner. Ce n?est bien sûr qu?une vue de l?esprit, tout comme celle qui a cru voir que le seul moyen pour le président Bouteflika de ne pas avoir à signer le traité d?amitié algéro-français est de tomber malade. Lié par ses engagements, sa facilité verbale à être de tous les accords et de tous les partenariats, à soutenir les dauphins de l?Antarctique et les adhésions aux clubs, le Président se serait résolu à avaler des boureks avariés pour échapper à la signature. Ce traité, doit se dire le Président dans son lit, est-il une bonne chose ? Oui, dans l?absolu. En pratique, il faudrait lier cet accord au limogeage de Philippe Douste-Blazy, le ministre des Affaires étrangères français. Pourquoi ? Parce que cet homme est à l?origine de la fameuse loi révisionniste qui a tout fait déraper. On veut bien croire les Français quand ils disent que cette loi est une erreur de frappe. Mais garder l?artisan de cet homme au gouvernement, qui plus est aux affaires étrangères, c?est-à-dire l?interface officielle avec l?étranger, et donc l?Algérie, est une faute de goût, voire un gros mensonge. De quoi tomber vraiment malade.


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