Algérie

Fausse piste




Faisons comme si les paraboles n?existaient pas et que les téléspectateurs ne sont pas sollicités par des offres variées, certaines parlant directement de faits qui concernent leur pays. Quel serait le moyen d?avoir une bonne télévision ? L?hypothèse est bien entendu absurde, on ne peut échapper à ces images qui viennent du ciel. Et pourtant, on fait comme si c?était le cas. Au lieu d?une ouverture de l?audiovisuel, le gouvernement s?oriente vers la création de plusieurs chaînes spécialisées dans les domaines de la jeunesse et des sports, de la culture, du savoir, de l?économie et des affaires religieuses.Le dérivatif - car c?en est un - à l?ouverture serait donc une démultiplication de la chaîne publique. On peut, en évitant la question politique qui fâche, se demander, dans l?hypothèse de la création de ces cinq chaînes et dans l?hypothèse d?une diffusion de douze heures, si l?on est en mesure de confectionner soixante heures de programmes par jour dignes d?être vus. Le paysage audiovisuel privé actuel pourrait-il répondre à cette demande ? Pas évident, puisqu?il arrive tout juste à répondre à celle du seul mois de Ramadhan. L?actuelle ENTV avec ses deux programmes annexes «Athalitha» et «Canal Algérie» - et son budget global de 400 milliards de centimes - peinent déjà à confectionner des programmes qui inciteraient - cela pourrait être un but - à décrocher d?Al-Jazeera ou de Medi1. On en est loin.Du point de vue de la forme et du contenu et en prenant uniquement le Maghreb pour référence, on sait qu?il y a un énorme chemin à parcourir pour se maintenir en position respectable. Quand on s?engage dans une telle démarche, il faut savoir désigner préalablement l?objectif. S?il s?agit de créer des chaînes qui seraient des pâles copies de la maison mère, autant s?abstenir. Ce serait de l?argent perdu et de nouvelles désillusions. Au lieu de chercher à créer une illusion de multiplicité, il serait plus raisonnable de mettre à niveau l?existant. Un ancien ministre de la Communication s?était risqué un jour à dire qu?il aspirait à une télévision sur le modèle de la BBC. C?était bien. Très bien, car c?est un modèle socialement enraciné et performant. Il ne faut pas avoir de petites ambitions. Mais sur le fond, ce modèle fonctionne sur le principe d?une rationalité économique liée fondamentalement à un environnement concurrentiel. C?est dans cet environnement que cette télévision se distingue par sa qualité et, on ne le note pas assez, par son impertinence.Allez vers la concurrence, donc vers l?ouverture, c?est à l?évidence le vrai bon choix même s?il est exclu des tablettes du gouvernement. Il finira sûrement par arriver un jour, par le truchement des exigences à l?accession à l?Organisation mondiale du commerce. Au moins. Et l?on risque, à ce moment-là, de se retrouver dans la même situation que l?opérateur Algérie Télécom, un des rares opérateurs historiques et historiquement à s?être vu devancer par un nouveau venu. On admet aujourd?hui que ce ratage est dû à une mauvaise préparation à l?ouverture de ce champ très concurrentiel. Ceci est un précédent qui vaut pour la télévision nationale.

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