Farce
C?était pas son jour de chance. Un brave citoyen me raconta sa déception en voulant régler un petit problème auprès de ce joyau de cruauté qu?est l?administration. Il se présenta à l?horaire indiqué. Le vigile lui demanda d?escalader quelques étages. C?est l?ascension pour notre quidam. Sa physionomie tout en rondeurs ne lui favorisa pas la tâche. Faute d?ascenseur, il eut l?impression de gravir le mont du Djurdjura. Essoufflé et en sueur, il parvint à atterrir au service indiqué. Il faut dire qu?il n?a pas ménagé sa peine. Et la bureaucratie n?est pas là pour lui faire plaisir. Malchance absolue. Les bureaux sont vides. Pas âme qui vive. Notre infortuné administré, la paperasse sous le bras, eut le loisir de constater que notre administration n?est pas taillée pour le succès. Il morigénait contre l?appariteur qui n?a cru bon de le renseigner correctement. Cela aurait pu lui éviter de tourner en rond et de suer à grosses gouttes, de trinquer copieusement. Chauffé à blanc, il constata qu?en définitive promettre n?est pas le plus difficile, encore faut-il tenir ses engagements. Un jour de réception, à l?évidence n?engage en rien, mais il coûte son pesant de rigolade. Il peut même s?en passer des vertes et des pas mûres. Question cohérence, chapeau bas. Je ne pus m?empêcher de compatir à la gueule de bois affichée par ce citoyen obligé de « gravir » le ciel pour des prunes. Mais à la bureaucratie, tu n?échapperas pas ! Un commandement mitonné sans faux nez ni trucage par toutes ces gloires anonymes qui jurent de faire durer le plaisir jusqu?à son ultime aboutissement. A moins d?une opération du Saint-Esprit ou d?un retournement de l?histoire, le citoyen n?est pas près de s?arracher à ce ronronnement durable. Il semble que l?administration a hérité de l?opprobre de ses ancêtres. Elle brillera ainsi de mille éclats pervers.
Posté Le : 20/08/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com