Algérie

606 familles relogées à Haï El-Nour




Démolition sous tension aux Planteurs «On nous a dit de rester dans nos habitations et qu’on allait s’occuper de nous, au cas par cas, après le relogement de nos voisins ayant reçu les bons de payement de leur nouveau logement. Aujourd’hui, on vient nous faire sortir par la force pour nous jeter à la rue.» C’est là le cri, hier, des dizaines d’hommes et de femmes du Ravin de Ras El-Aïn, dans le quartier des Planteurs. Des familles qui se sont opposées aux engins démolisseurs et aux policiers de la brigade anti-émeute et agents de l’ordre publics mobilisés pour faire sortir les familles restantes, celles classées par la commission de daïra de relogements non éligibles au programme d’éradication de l’habitat précaire du quartier des Planteurs. Hommes et femmes de ces familles ont tenté de défendre leur toit car, c’est la rue qui les attendait. Aux environs de 11h00, les policiers ont investi l’une des habitations afin d’en faire sortir les occupants, en majorité, des femmes. Ils auraient, selon les déclarations de celles-ci, tabassé quelques-uns unes. C’était la goutte qui a fait déborder le vase, le jet de pierres a alors commencé et la tension est vite montée. Sur place, on a aussi entendu parler d’un bébé de 3 ans balancé hors de l’habitation à démolir par un policier. Les habitants de cette zone criaient à la hogra et ont demandé la venue du chef de la daïra d’Oran, ils ont même demandé aux policiers de partir «Nous ne voulons pas d’affront avec les policiers qui sont aussi malheureux dans ce pays que nous, nous voulons parler à ceux qui nous ont promis des logements». La tension a vite fait de s’apaiser au ravin de Ras El Aïn, grâce à la sagesse de quelques responsables de la police, dont le chef de la sûreté de wilaya qui est sorti, cette fois-ci, sur terrain et s’est rapproché des citoyens. Mais d’autres affrontements ont, en parallèle, éclaté au terrain Chabat, au terrain Mesmodi où, des familles devaient être mises à la rue. Il est à souligner que parmi les protestataires il y avait ceux qui n’ont pas bénéficié de logements, mais aussi ceux qui ont été placés dans le même logement que leurs parents. «Il est inadmissible que l’on accorde un seul logement à trois familles», s’est écriée une femme. Celle-ci, mère de famille, a été logée avec son frère marié et ses parents dans un F3. Elle a expliqué «si je pouvais occuper une pièce cuisine dans un haouch, dans la maison familiale, je ne pourrais le faire dans un appartement. Dans le haouch, il y a de l’espace, ce qui n’est pas le cas dans l’appartement, je me contenterais d’un F1 pourvu que j’aie ma propre maison, dira t-elle. Elles sont des dizaines de familles dans la même situation, celles-ci ont affirmé «On nous a dit que le Président a créé ce programme pour nous accorder de meilleures conditions de vie, il voulait éradiquer l’habitat précaire et nous donner des logements meilleurs où on vivra aisément et dignement. Or, on nous entasse à trois et quatre familles par appartement, pour dire qu’ils ont réussi le relogement et l’éradication de l’habitat précaire alors qu’ils n’ont fait que changer d’adresse à l’habitat précaire. Les responsables du relogement ont fait échouer le programme du président». L’opération de démolition s’est poursuivie, hier, et se prolongera aujourd’hui dans l’amertume et au goût des larmes de ceux qui se retrouvent à la rue. Hafida B.

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