Algérie - Revue de Presse

Fadhéla Hachmaoui à la Voix de l’Oranie


«Le 1er prix d’interprétation féminine, la consécration de ma carrière théâtrale»   Fadhéla Hachmaoui, comédienne chevronnée du Théâtre AEK Alloula, a toutes les raisons de se sentir une artiste comblée. A l’issue de la deuxième édition du Festival du théâtre professionnel, le Jury, présidé par l’écrivain algérien Wassini Laredj et composé de grands noms du théâtre arabe, lui a décerné le Prix d’interprétation féminine, pour son excellente prestation dans le spectacle produit par le TNA, la pièce « La Maison de Bernarda Alba «, adaptée de Federico Garcia Llorca par Allel El Mouhib et mise en scène par Mohamed Khoudi. Devant son trophée et avec beaucoup de fierté dans la voix, la comédienne Fadhéla Hachmaoui répondra sans ambages à nos questions et fera part du sens qu’elle donne à cette récente et remarquable expérience et à une distinction méritée qui vient marquer une prestigieuse carrière théâtrale de plus de trente ans. La Voix de l’Oranie: Vous êtes une sociétaire du Théâtre AEK Alloula, mais c’est un spectacle produit par le TNA qui vous a portée au pinacle et permis de rafler haut la main le Prix d’interprétation féminine au 2e Festival du théâtre professionnel. Comment s’est effectuée votre intégration ? Fadhéla Hachmaoui: C’est d’abord à Mohamed Benguettaf, directeur du TNA, que je dois ma distribution dans le spectacle «La Maison de Bernarda Alba». Ayant une parfaite connaissance de mon parcours professionnel au TRO, qui a toujours constitué une école de théâtre, il m’a proposée d’intégrer et de soutenir l’équipe de jeunes comédiens et de tenir le rôle de la gouvernante dans le spectacle, un rôle particulièrement difficile et qui exige des aptitudes artistiques avérées. J’ai reçu cette proposition comme une marque de considération à mon talent et j’ai naturellement accepté. J’ai d’ailleurs été la première comédienne à être définitivement distribuée pour le rôle. Pour les autres rôles, les comédiennes étaient choisies au fur et à mesure au cours des répétitions. L’intégration a été très facile d’autant plus que j’ai eu le bonheur de rencontrer, après une éclipse de plus de trente ans, le metteur en scène Mohamed Khoudi avec qui j’avais d’ailleurs travaillé au TRO. - L’expérience aura donc été bénéfique pour vous? - Bien sûr et à plusieurs égards. D’abord, cela a été pour moi une nouvelle expérience théâtrale en dehors du TRO. Le travail a été dur, cela a demandé deux mois de préparation de navettes entre Oran et Alger. Mais cela m’a donné l’occasion de travailler dans un autre théâtre, sous la houlette de Mohamed Khoudi, un authentique metteur en scène et un perfectionniste qui m’a prodiguée beaucoup de conseils. L’occasion m’a été offerte d’affronter un public qui ne m’était pas acquis d’avance comme c’est le cas à Oran, de concourir dans un festival de théâtre et prouver ma valeur devant un jury étranger composé de prestigieux noms du théâtre arabe qui ne me connaissaient pas du tout. Et tout ceci dans le cadre de la plus grande manifestation culturelle qu’organise le pays. C’était un challenge très exaltant qui m’a certainement donné des ailes et la force nécessaire pour m’imposer au jury et à un public connaisseur. - Parlons un peu de ce Prix d’interprétation féminine. C’est en quelque sorte la consécration de votre carrière? - Absolument. Je crois que je l’ai amplement mérité. Cela n’a pas été une simple gratification. Le 1er Prix d’interprétation, on ne me l’a pas donné. Je l’ai arraché par la force de mon talent et à la faveur d’une longue expérience, de plus de trente ans de sacrifices sur la scène. Lors de la représentation, j’ai joué comme je n’avais jamais joué auparavant. J’étais dans un état second, je savais que quelque chose allait se passer. Le résultat, vous le connaissez. J’ai été consacrée aussi bien par le jury que par le public qui avait scandé mon nom avant la proclamation et m’a saluée par une très longue ovation. Permettez-moi de dire que lorsque j’ai reçu le Prix, mes premières pensées ont été pour AEK Alloula auprès de qui je me suis formée, et au Professeur de médecine Abdou Aboubakr qui m’a incitée à participer au Festival. - Vous avez partagé la scène avec de jeunes comédiens, la plupart sont issus de l’Institut de Bordj El Kiffan. La nouvelle génération de comédiens est-elle prête à prendre la relève ? - J’ai été admirablement surprise par certains talents. J’ai découvert d’immenses capacités chez la jeune génération de comédiens issus de Bordj El Kiffan. Que ce soit à Alger, Sidi Bel-Abbès ou Tindouf, il existe de grandes potentialités qui ne demandent qu’à être encouragées. La fin de la décennie noire et l’ouverture du pays sur le monde ont été déterminantes pour l’éclosion de nouveaux talents; il faut dire aussi que nos jeunes sont très créatifs et pleins d’ambition. - Au cours du Festival qui a précédé la célébration de la Journée nationale de l’artiste, une pléiade de comédiens a été honorée où ne figure hélas aucun nom du TRO qui, pourtant, a toujours constitué une école de théâtre. Est-ce simplement un oubli? - Les organisateurs de ces hommages sont les seuls responsables de leur maladresse et c’est à eux qu’il faut poser la question. Il ne faut pas oublier qu’à Oran aussi, beaucoup d’artistes sont sciemment oubliés par les institutions compétentes. Et je peux citer, au hasard, les vétérans Mohamed Sellal, qui a beaucoup donné au théâtre, Korid Ali ou encore, sans être indécente, mon mari Brahim. A ce titre, je dois dire que pour ma distinction, j’ai reçu des appels téléphoniques de félicitations émanant de tous les coins du pays sauf ...de mes plus proches collègues. - On vous laisse savourer votre succès? - J’attends avec impatience le résultat de ma fille Amal qui vient de passer son baccalauréat pour pouvoir apprécier à sa juste valeur et dans la sérénité cette précieuse distinction.


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