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Face aux islamistes
Ces quatre derniers jours, les forces armées russes ont détruit 826 sites de l'Etat islamique en tirant 1 400 tonnes de bombes et 101 missiles de croisi ère air-sol et mer-sol en Syrie. Les succès de la coalition occidentale sont bien plus modestes. Les alliés potentiels de la Russie - hormis la France qui a envoyé vers les côtes syriennes un groupe naval mené par le porte-avions Charles de Gaulle - ne s'empressent pas de se joindre aux opérations contre l'EI. Le porteavions américain Harry Truman est seulement en chemin vers la Méditerranée et le premier ministre britannique David Cameron devra encore convaincre son parlement avant que l'armée de l'air du pays puisse faire son apparition dans le ciel syrien, probablement pas avant fin décembre. Pendant ce temps, la Russie accroît les forces et les moyens utilisés dans l'opération antiterroriste et intensifie ses frappes aériennes. Selon le dernier communiqué en date du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, la composition du groupe aérien russe a aujourd'hui doublé pour passer à 69 avions. Le groupe naval compte 10 navires, dont six en Méditerranée. La communauté internationale a surtout été impressionnée par les deux Tu-160 qui ont décollé d'Olenia (région de Mourmansk), se sont ravitaillés en vol et, après avoir parcouru 9 500 km, ont frappé des sites terroristes en Syrie avec des missiles de croisière de haute précision. Aussi cynique que cela puisse paraître, les opérations réelles offrent les meilleures conditions pour tester et mettre au point le matériel et l'armement du pays, ainsi que pour travailler les techniques de combat et la tactique d'attaque. Les experts étrangers ont déjà noté que le commandement russe en Syrie suivait la tactique des frappes synchronisées contre tous les points faibles de Daech - les gisements pétroliers près de Deir ez-Zor, les sites des terroristes près de Racca, d'Idleb et d'Alep, ainsi qu'à proximité de Damas. Les résultats sont déjà là: les bombardements sur la capitale syrienne ont enfin cessé grâce à l'aviation russe. Mais les Américains ne semblent apprécier ni l'armement ni le style russe des opérations. Le porte-parole de la coalition occidentale Steve Warren s'est permis, la semaine dernière à Bagdad, de douter des données de contrôle présentées par la Russie en déclarant que les Russes étaient "incapables d'effectuer des frappes précises car ils ne disposent pas de munitions de haute précision, mais ont uniquement des bombes non guidées". Le colonel n'a manifestement pas encore vu le reportage de journalistes occidentaux montrant comment on installait, sur les avions, les bombes guidées KAB-500 flambant neuves portant encore leurs étiquettes. Dans le même temps le porteparole du Pentagone Peter Cook a dû reconnaître que les frappes de l'aviation russe avait "touché le cœur de la structure de l'Etat islamique, ainsi que les champs pétroliers qui permettent de financer en grande partie son activité".COÛT DES ATTENTATS52,9 milliards de dollars: tel est le préjudice financier causé par les différents attentats dans le monde en 2014 selon la récente étude "Global Terrorism Index" publiée par l'Institut international pour l'économie et la paix de Sydney. Cette somme, comparable au PIB de la Bulgarie, dépasse le record de 2001 de 51,5 milliards de dollars. Les conclusions de l'IEP sont tirées de l'analyse des donn ées de l'Onu, de la Banque mondiale et d'autres institutions nationales et internationales relatives aux biens endommagés, au coût des soins aux victimes et à l'estimation des pertes financières. Le rapport analyse la situation dans 162 pays, où vivent 99% des habitants de la planète. Comme l'indiquent les auteurs, il est impossible d'évaluer toutes les consé- quences des attentats. Hormis le préjudice direct, calculable, on note aussi des pertes indirectes ou à long terme comme les dépenses pour renforcer la sécurité, la hausse des prestations d'assurance, l'impact sur l'infrastructure urbaine et les pertes du secteur touristique. Or ces pertes peuvent être largement supérieures. "Le terrorisme monte aujourd'hui en puissance à une vitesse sans précédent", indique le fondateur de l'IEP, chercheur et entrepreneur Steve Killelea. Au total, depuis l'an 2000, plus de 61 000 attentats ont été commis, qui ont tué 140 000 personnes. En 2014 les terroristes ont tué 13 426 personnes au Moyen-Orient et en Afrique du nord, 10 915 en Afrique subsaharienne, 6 713 en Asie du Sud, 53 en Europe et en Amérique, et 1 578 personnes dans toutes les autres régions réunies. Les pertes de l'économie mondiale dues aux actes de violence et aux meurtres dépassent largement les pertes causées par les agissements des terroristes. En 2014 elles s'élevaient à 1 700 milliards de dollars. Néanmoins, dans plusieurs pays "perturbés", le terrorisme exerce un impact extrêmement négatif sur l'économie et la vie quotidienne. L'Irak en est probablement le meilleur exemple avec un préjudice de 160 milliards de dollars causé par le terrorisme entre 2005 et 2014. Selon le Global Terrorism Index, le top-10 des Etats à plus fort risque d'attentat regroupe également l'Afghanistan, le Pakistan, le Nigeria, la Syrie, la Somalie, l'Inde, les Philippines, le Yémen et la Thaïlande. En ce qui concerne la France, le préjudice économique reste encore à évaluer mais il est déjà clair que les récents événements parisiens risquent de faire chuter le tourisme et le commerce, d'augmenter les dépenses pour la défense et la sécurité, ainsi que de renforcer le contrôle de l'Etat. Le 16 novembre, craignant que les voyageurs évitent de partir à Paris, les actions d'Air France et du réseau hôtelier Accor se sont effondrées. Sachant que le tourisme assure 7% du PIB français.


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