Algérie - Faune

Extinction du chardonneret de Souk Ahras: Les oiseleurs se rabattent sur l’élevage domestique


Extinction du chardonneret de Souk Ahras: Les oiseleurs se rabattent sur l’élevage domestique


Il est exceptionnellement doté de qualités qui sont rarement perceptibles ailleurs. Il a su braver guerres et calamités naturelles pour se maintenir au meilleur rang des oiseaux chanteurs de la région.

Il n’a pu résister, toutefois, au massacre programmé par les tenants d’un circuit ravageur. L’extinction du chardonneret de Souk Ahras n’est plus à prouver et l’on est déjà certains que ni les forêts de Lakhdara, ni les coteaux de Aïn Seynour dans la commune de Mechroha, ni les falaises de Oued Echouk, dans la commune de Zaârouria, n’offrent aux visiteurs de ces lieux les plaisirs d’antan.

Les oiseleurs se rabattent, eux, sur l’élevage domestique de cette espèce éteinte. L’un d’eux fera part du constat suivant: «En moins de deux décennies, le chardonneret a totalement disparu, à l’instar de la perdrix, de la pie et de plusieurs autres oiseaux. La chasse sauvage et l’absence d’un circuit régénérateur ont fortement affecté cette espèce qui, faut-il le souligner, a longtemps fait l’objet d’un commerce juteux.

Des chasseurs sans scrupules usaient de filets gigantesques dans leur course effrénée pour le lucre alors que d’autres s’attaquaient aux nids des oiseaux au moment où ces derniers sont en pleine période de couvée». Les abonnés de la place Guennoune savent que le marché hebdomadaire des oiseaux est, sans surprise, l’un des lieux les moins sûrs pour l’achat de l’authentique souk ahrassi (oiseau né dans la région) sauf quand un professionnel mêle son ouïe et ses mains.

«Nous le reconnaissons à travers ses caractéristiques apparentes et son chant inimitable par les chardonnerets des autres wilayas du pays», a déclaré l’un des connaisseurs, appelé à la rescousse par un proche venu profiter d’un vendredi récréatif pour l’achat de trois chardonnerets qu’il compte proposer à la vente au marché d’Annaba.

D’autres gens qui débarquent des quatre coins du pays ne lésinent aucunement sur les moyens pour l’acquisition au prix fort d’un oiseau dont la réputation a dépassé les limites de la wilaya.


De 10.000 DA ce chanteur aux notes agréables peut facilement atteindre les 30.000 DA et le prix sera multiplié par cinq ailleurs, notamment à la capitale. Un label exploité dans l’informel et une démission collective qui a précipité l’extinction d’une espèce du terroir présente dans le patrimoine musical local, les contes et l’art pictural.

Les directions des forêts, de l’environnement et du tourisme et les associations qui gravitent autour auraient pu en méditer le sort depuis longtemps.


A. Djafri


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