Algérie - A la une

Exposition
Beau comme la rencontre fortuite d'un cerf, d'une deux-chevaux, d'un lapin, d'un ballon de foot et d'une femme en karako et bas résilles sur fond de zelidj (faïences) et de coupures de journaux? Ainsi pourrait-on qualifier l'univers psychédélique de Hania Zazoua (alias Princesse Zazou).Ses ?uvres sont visibles actuellement, et ce, jusqu'au 12 mars à la galerie Ezzou'Art. Qu'il s'agisse de tableaux, de tambour à broder, de tapisserie ou de fauteuils, on retrouve le même univers hyper-coloré et saturé de références tous azimuts. Le titre de «Shadi madi?» symbolise précisément cette gourmandise, cette envie de tout prendre, cette impossibilité de choisir. Il s'agit des paroles d'une comptine enfantine servant à faire un choix au hasard du rythme du refrain, équivalent algérien de «Am stram gram?».Femme/Homme, Orient/Occident, Tradition/Modernité, Humain/Animal? Tout passe à la moulinette Zazou pour ressurgir en objets oniriques. A l'image de rêves, les ?uvres de Princesse Zazou portent, pour emprunter le vocabulaire psy, un contenu manifeste perceptible au premier abord et un contenu latent sorti des tréfonds de l'inconscient. Les interprétations, potentiellement multiples, sont laissées à l'appréciation du spectateur. Outre la démarche artistique, les créations de Zazou gardent tout de même un aspect «décoratif».En effet, l'artiste ayant l'habitude de sévir dans la mode et le design garde un équilibre entre l'audace esthétique et l'impératif décoratif. Son ?uvre aurait d'ailleurs pu grandement enrichir l'expo «Techné, art du designer» qui se tient en ce moment au MaMa d'Alger. Princesse Zazou est pleinement dans cette position du designer, à cheval entre le monde de l'art, de l'artisanat et celui de l'entreprise. Elle gère d'ailleurs sa propre agence de communication ainsi qu'une collection d'objets de design.Toujours dans l'alliance de l'art et de l'entreprise, la galerie Ezzou'Art qui accueille l'expo, tient elle-même le pari fou d'injecter une dose (même homéopathique) d'art dans ce temple de la consommation qu'est le centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar. Faisant partie intégrante de l'ensemble marchand, cet espace affiche sa volonté d'accueillir les artistes en devenir et offrir ainsi une vitrine aux nouveaux talents.Le tout «à titre gracieux et sans aucune commission sur la vente des ?uvres», tient à préciser Amel Benmohamed qui gère actuellement la galerie. Artiste-peintre et photographe, formée aux techniques de management, elle assure la promotion de ses expositions avec une sereine efficacité. La sélection des artistes se fait «en collaboration avec le service communication du centre commercial».Si la galerie est une aubaine pour les jeunes artistes, elle n'est pas sans retombées (particulièrement en termes de communication) pour le centre commercial. Une preuve de plus que la culture et l'entreprise peuvent cohabiter et collaborer dans l'intérêt des deux parties.





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