Algérie

Exportation des déchets ferreux et non ferreux




Les réseaux de vols redoublent de férocité Le mode «archaïque» de récupération des déchets ferreux et non ferreux est devenu désormais un phénomène non seulement très préjudiciable pour l’économie nationale mais également difficile à éradiquer, et ce, du propre aveu de plusieurs responsables. «Nonobstant les efforts prodigués par plusieurs cabinets ministériels pour remédier à cette hémorragie, le phénomène est toujours en perpétuel essor», admettent-ils. A Oran, comme partout ailleurs, la cible des récupérateurs est essentiellement les équipements publics. Rien n’échappe ainsi à ces jeunes oisifs qui cherchent à se remplir un tant soit peu les poches par n’importe quel moyen et en s’exposant parfois à des dangers certains. Dans les bennes des camions pleins à craquer de ces déchets ferreux et non ferreux, on trouve de tout: panneaux de signalisation routière, chutes de câble et de tuyauterie en cuivre, fragments de pièces détachées de machines industrielles, appareils électroménagers usés, carcasses de voitures et bien d’autres objets de pacotille. Même les campagnes de démolition des habitations précaires aux Planteurs ont été considérées comme un cadeau providentiel par ces récupérateurs qui ont même engagé des enfants, bafouant encore une fois les lois en vigueur. Ces derniers, armés de massettes ont extrait plusieurs tonnes de fer rond des gravats et des carcasses de maisons, s’exposant au risque d’être ensevelis sous les décombres. Les pouvoirs publics se sentant dépassés par l’ampleur du phénomène ont décrété un florilège de lois, renforçant l’arsenal juridique pour contrecarrer avec fermeté ces actes de vandalisme. Ainsi, les dernières affaires jugées dans les tribunaux d’Oran ont été soldées toutes par de «grosses» peines. Comme ces deux jeunes gens qui ont été condamnés par le tribunal d’Es-Seddikia à huit années de prison ferme après qu’ils aient été appréhendés en flagrant délit en train d’arracher des grillages au niveau du cimetière chrétien d’El-Hamri. Un autre incriminé dans une affaire de vol de câbles téléphoniques d’Algérie/Télécom à Aïn El-Beïda a été condamné dernièrement à cinq ans de prison ferme. La fermeté de la justice quant au jugement des affaires de ce genre n’a pas pour autant dissuader les voleurs. Selon un juriste, il faut que la justice soit également intransigeante avec les «nababs de la ferraille» qui sont le facteur responsable des vols perpétrés au détriment des équipements publics. En d’autres termes, il faut également condamner sans laxisme le recel de ces matières. Les vrais protagonistes qui parrainent ces réseaux de voleurs de câbles électriques et téléphoniques ne sont toujours pas inquiétés et ce, en dépit du fait que «leurs noms aient été cités dans les nombreuses affaires similaires traitées par les services de sécurité», relève-t-on. Ces gros bonnets, comme se plaisent à les nommer les uns, contractent également des affaires douteuses d’achat de ferraille auprès des grandes entreprises nationales dont la facturation est tout simplement falsifiée, apprend-on par ailleurs. Ces achats de lots mis aux enchères par les entreprises publiques constituent la part du lion des bénéfices de ces réseaux maffieux. Interrogé à ce sujet, un responsable dira que «Le problème reste la traçabilité et la sécurisation de la chaîne d’exportation qui doivent être davantage renforcées, la révision du système de facturation s’impose ainsi que la nécessité de donner des «agréments» aux bascules. Bien que le contrôle des déchets ferreux et non ferreux prêts pour l’exportation est à posteriori opérationnel et avec tous les moyens nécessaires, les chutes des tuyauteries et des câbles en cuivre qui sont essentiellement, selon nos sources, arrachés des installations publiques, passent normalement et sont visées pour être exportées légalement. Interrogé sur cette anomalie révélée par des sources responsables, un interlocuteur de l’EPO dira que «Ces chutes dont l’origine peut être illégale, à l’exemple des installations de la SONELGAZ, d’Algérie Télécom et de la SNVI, sont coupées et traitées de sorte qu’elles coïncident avec les déchets générés lors des chantiers. Il devient donc difficile de savoir si ces déchets émanent vraiment des chantiers ou des vols perpétrés au détriment des équipements publics. Pour montrer l’engouement des affairistes pour ce domaine d’activité, ils sont plus de 300 exportateurs de déchets ferreux et non-ferreux recensés. Dans la foulée de la fermeté de la puissance publique quant à la régulation de ce créneau, l’Agence nationale de promotion des exportations (ANPE) a élaboré un nouveau cahier de charges, conformément aux directives de la loi des finances de 2007, fixant ainsi le cadre de leur activité. Plus de 230 exportateurs de ces déchets, enregistrés sur tout le territoire national, ont ainsi reçu ce cahier de charges que les concepteurs qualifient d’être un dispositif dont l’élaboration se veut bénéfique pour les exportateurs qui sont désormais devant le fait accompli de s’organiser et de professionnaliser. La clause la plus majeure et la plus essentielle de ce cahier de charges est celle qui oblige tout exportateur à attester du rapatriement des bénéfices des exportations avant de réexporter une seconde fois. Ainsi, le délai de rapatriement des capitaux générés ne doit pas dépasser les 40 jours. Des mesures d’allègement des procédures d’ordre administratif n’ont pas été également omises par ce nouveau cahier des charges. Les opérateurs encouragés par ce cahier ont même demandé la suppression totale de la TVA ou tout au moins sa diminution de 17 à 7% afin d’encourager les exportations de ces déchets. Le nouveau cahier de charges, régissant cette activité qui concerne les exportations des déchets ferreux et non ferreux ainsi que le liège et le cuir, est entré en vigueur en 2007. Parallèlement à ce nouveau cahier des charges, le Ministre du commerce a décidé de procéder à une vaste campagne de «toilettage» de ce secteur d’activité qui s’est soldée par le déboutement de 225 exportateurs qui, selon le ministère, ont failli à leurs engagements contractés lors de la signature du nouveau cahier des charges. On apprendra que 27 exportateurs seulement ont été homologués. Mais les récupérateurs trouvent toujours les astuces pour détourner les mesures de régulation décrétées par l’Etat. Benachour M.

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