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Evocation. Sid Ahmed Serri et Boudali Safir




Evocation. Sid Ahmed Serri et Boudali Safir
Par Abdelhamid BoumedienneLes hommages rendus au virtuose de la musique classique algérienne, Sid Ahmed Serri, sur les pages des quotidiens et aux JT des média télévisés - bien qu'à titre posthume - réchauffent nos c?urs et nous rassurent sur la capacité de la collectivité à reconnaître les sacrifices et le génie des femmes et des hommes qui ont façonné les contours de notre identité culturelle et de notre patrimoine artistique. J'ai eu à rencontrer ce grand monsieur en 1998, avec en prime une conversation des plus enrichissantes et dont la substance me permet de meubler ces quelques lignes.Le parcours de ce maître a été visité et revisité à chaque évocation, et en le lisant et relisant mon attention fut attirée par l'absence - dans ces récits - de l'un des plus importants mentors de notre symbole à l'honneur.Il s'agit de l'intellectuel, académicien, historien et musicologue Boudali Safir, un érudit faisant partie des rares Algériens qui ont réussi à mener un débat visant à démanteler la structure argumentaire de la pensée coloniale sur le volet philosophique. Mais aussi et surtout, il fut derrière la classification actuelle du patrimoine et du genre musical authentique algérien.Sa création de cinq ensembles musicaux : permanent (andalou), kabyle, bedoui, populaire (chaâbi) et moderne, en tant que directeur artistique des émissions en langue arabe et kabyle à l'ORTF en a été la concrétisation.L'apport de Boudali Safir à la conceptualisation qui structure l'héritage lyrique algérien était, entre autres contributions, l'un des jalons qui ont marqué le parcours de ce grand maître. Les chemins de Sid Ahmed Serri et de Boudali Safir se sont croisés lorsque celui-ci lui offrit l'opportunité - pour la première fois - d'enregistrer et de diffuser ses ?uvres à la Radio d'Alger lorsqu'il était à la tête de la direction artistique précédemment citée, ce qui fera atteindre à l'aura de Serri une échelle jamais égalée jusque-là.En effet, cette occasion le propulsa au rang des grands artistes de l'époque, initiant par là même une relation qui dépassa la simple jonction manager-artiste.Car, au-delà de l'occasion d'élargir son public, Boudali Safir a élargi la perception de Sid Ahmed Serri du patrimoine classique andalou. Bien que techniquement la musique andalouse n'avait quasiment plus de secret pour Serri, Safir lui inculqua les référentiels culturels et civilisationels de cet art considéré par beaucoup comme bien plus qu'un genre musical, un écho d'une civilisation qui se répand à travers les temps.Et ce sont ces référentiels qui constituèrent l'âme de l'?uvre de Sid Ahmed Serri, structura et rationalisa sa démarche d'apprentissage et de formation. Tout cela étant dit, est-il exagéré d'affirmer que Boudali Safir était le maître à penser de Sid Ahmed Serri.En tout cas, c'est celui que Serri qualifiait de légende (Boudali Safir) qui aiguisa son génie intellectuel et son savoir technique qui l'ont caractérisé.Et c'est en considérant tout cela qu'un pincement au c?ur survient en remarquant l'omission du rôle de Boudali Safir dans le parcours et l'?uvre de Sid Ahmed Serri. Par inadvertance ou par inconsidération, cette omission ne lèse pas seulement Boudali Safir, mais nous informe mal sur les facteurs, les personnes et les éléments qui ont façonné le personnage de Sid Ahmed Serri et donc de son parcours. La générosité, le désintéressement et le dévouement des hommes peuvent décider du sort des autres, et c'est pour cette raison que souvent des évocations - comme celle-ci - peuvent en appeler d'autres.Abdelhamid Boumedienne,directeur de la culturede la wilaya de Saïda




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