Algérie



Europe
L'Europe s'est achetée [au prix fort] la quiétude en engageant la Turquie comme garde-frontières. En effet, depuis l'accord entre Bruxelles (capitale de l'Union européenne) et Ankara, le flux des réfugiés et migrants venant du Moyen-Orient s'est ralenti. Certes! Toutefois, les dirigeants européens pourront-ils, désormais, se regarder avec sérénité dès lors que des milliers de femmes et d'enfants souffrent, ne sont plus assurés de vivre assez longtemps pour apprécier à sa juste valeur le miséricordieux geste de l'Europe envers eux: tenir à l'écart une plèbe qui empêche les leaders européens de vaquer à leurs occupations. Ne nous arrêtons pas sur le fait que l'envahissement des migrants, en particulier des Syriens, est la conséquence directe de l'interventionnisme de certains pays européens - soutenant, voire suscitant la rébellion en Syrie - d'abord, les frappes qu'ils mènent contre le soi-disant autoproclamé «Etat islamique» ensuite. Les Européens d'une manière générale ont ainsi créé le chaos en Syrie avec les retombées de retour du bâton que l'on connaît. Or, l'Europe n'a pas vu plus loin que son confort, niant sa responsabilité dans les malheurs qui frappent le peuple syrien. Qu'y a-t-il de plus choquant que ces images de files interminables d'hommes, de femmes et d'enfants - souvent peu vêtus dans une Europe qui gelait - rappelant étrangement d'autres images, d'autres temps: ceux de la Grande Guerre quand les prisonniers étaient transférés par les nazis dans les camps de la mort. C'est aussi dans des camps - en Europe - que les migrants et réfugiés sont internés, au moment où le Vieux Continent barricadait ses frontières. Ce sont ces images de leaders européens n'ayant pas su raison garder, ni su faire face à ces cas de force majeure que gardera la postérité. Quand il fallut faire preuve de solidarité humaine [rendant néanmoins grâce à la chancelière allemande, Angela Merkel, qui tenta dans un premier temps d'accueillir le plus de réfugiés possible (même si elle était guidée par les intérêts du pays qu'elle gérait) avant de se faire déborder par son extrême droite], les Européens se sont réfugiés dans leur quant-à-soi! Or, c'est face aux difficultés que l'on reconnaît les leaders, mus par une conscience, non des hâbleurs, plus préoccupés de leur survie politique, poussés par les hasards du moment. La crise des réfugiés aura ainsi fait tomber le masque de civilité et montrer le fond xénophobe d'Européens repus qui ne savent plus ce qu'est le malheur, oublieux des séquelles - pourtant encore vivaces - de la Grande Guerre. C'est l'image que donnait à voir ces derniers mois la déferlante des migrants [sur l'Europe] demandant du secours. L'Europe a répondu par le rejet et le reniement. Dès lors, la question est de savoir si l'Europe est encore une terre d'asile. Ainsi, plutôt que de chercher comment aider ces personnes fuyant la guerre, l'Europe s'ingéniait à améliorer les moyens alloués à Frontex (organisme européen de surveillance des frontières) pour l'interception des migrants «illégaux». Des dizaines de milliers de gens fuient la guerre et la mort, les Européens se souciaient avant tout de savoir s'ily avait des migrants illégaux parmi eux. Comment allaient-ils déterminer qui est légal, pouvant entrer en Europe, qui ne l'est pas' Comment les législateurs européens expliquent cette pantalonnade. En effet, entre 2001 et 2015 des dizaines de directives ont été promulguées autant par les Etats européens que par l'Union européenne, en vue de faire le «tri» entre les demandeurs d'asile et des réfugiés, la protection internationale. C'est dans ce contexte que furent produites des instructions d'accueil. Toutefois, à l'usage celles-ci se sont avérées être des mesures d'endiguement et de dissuasion que de protection des réfugiés, allant ainsi à l'encontre des Conventions de Genève pour la protection des réfugiés en temps de guerre. L'accord conclu par l'Union européenne avec la Turquie pour endiguer le flot de migrants vers l'Europe en dit donc long sur le peu d'enthousiasme des Européens à s'investir réellement en faveur de cette solidarité et protection que les fugitifs attendaient. De fait, les politiques d'asile des Etats européens sont disparates et les textes d'harmonisation que Bruxelles disait avoir engagés ne sont que des mystifications. Ce qu'en fait ont relevé le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugies (HCR) de même que la Cour européenne des droits de l'homme (Cedh) et la Cour de Justice de l'Union européenne (Cjue) qui ont constaté des variations importantes d'un Etat à l'autre dans l'accueil, la qualité de procédure et les décisions prises. Les récentes lois des Etats européens confortent de fait la xénophobie de populations poussées vers l'extrémisme par des politiques européennes en contresens du droit humanitaire, attisant ainsi le racisme et le rejet de l'Autre.


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