Algérie - Enseignement Supérieur (universitaire)


La fin de la tolérance Ils ont choisi d'étudier en Algérie pour aller sur les traces de leurs illustres aînés formés dans ce pays, au lendemain de l'indépendance, à la faveur d'un grand moment de fraternité révolutionnaire. Mais ils sont devenus aujourd'hui amers, car l'Algérie est réduite à les faire baigner dans un intolérable climat xénophobe, à la limite du racisme. Des étudiants africains qui se sont confiés à nos reporters ces derniers temps ont mis le doigt sur un des drames de l'Algérie actuelle : le rejet de l'étranger, notamment de couleur. Et paradoxalement, c'est la jeunesse, frange la plus sensible de la population, qui en souffre le plus alors qu'elle aurait dû en être naturellement épargnée. Les jeunes Algériens devenus xénophobes, faut-il les blâmer ' Peut-on leur en vouloir aussi de céder à un autre fléau, l'intolérance religieuse qui leur assène l'idée que les religions ne sauraient être sur le même pied d'égalité et que le droit à la différence n'existe pas dans ce domaine. Un ministre de la République vient de le redire publiquement, mais aucune voix n'est venue lui apporter la contradiction, ne serait-ce lui opposer la Constitution qui garantit la liberté de conscience et de culte.Alors qu'elles sont censées combattre les déviations au sein de la société, les institutions étatiques elles-mêmes ont fini par prendre part à cette entreprise générale de destruction des valeurs essentielles qui font l'humanité. La tolérance qui s'effrite en Algérie, c'est la perte d'un capital civilisationnel inestimable qui a mis des siècles à se constituer. Quelques décennies ont suffi pour le dilapider, mais pas n'importe lesquelles, celles qui ont vu la pensée unique s'installer dans le pays, puis lui ôter toute sa sève féconde. Ce fut le temps de l'instrumentalisation de l'école et de l'Etat à des fins idéologiques par la sphère politique. Les groupes politiques et sociaux qui ont pris le pouvoir ont prôné un conservatisme politique aux relents religieux. Ils l'ont imposé par la ruse et la force, mettant fin aux tentatives ' et aux espoirs ' de voir l'Algérie emprunter le chemin d'une démocratie pluraliste, moderne et tolérante, où tous les Algériens pourraient être en mesure de trouver leur place quels que soient leurs choix politiques ou leur conscience. Le fondamentalisme religieux a ramassé la mise. Il a fait le reste, paralysant la société par la terreur physique et morale et utilisant le pouvoir politique comme sous-traitant.
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