Algérie

état de désunion



On peut trouver de l'humour dans des textes peu alléchantset le communiqué final du Sommet arabe de Damas ne déroge pas à la règle. Lesréférences à la solidarité arabe et aux intérêts supérieurs de la nation arabecontenus dans « la déclaration de Damas» prêtent en effet à sourire, au momentoù beaucoup font, non sans raison, un constat clinique de l'état de désunionarabe.Il faut reconnaître néanmoins aux dirigeants réunis qu'ilsont fait un petit effort puisqu'ils appellent à travailler «pour surmonter lesdivergences interarabes à travers un dialogue sérieux et approfondi, d'éviterles carences dans certains aspects du travail arabe commun ». Ils ont usé debeaucoup de langue de bois pour appeler à se positionner contre les «interventions extérieures » qui viseraient à accroître les différends arabes. Or,ces différends sont là, au Liban, en Palestine, en Irak, entre un axe pro-américain et un inexistant axe de la fermeté quis'iraniserait...On peut prendre chacun des conflits et des crises et onpeut constater qu'il est totalement lié au fait que les élites au pouvoir sontindépendantes de leur société et n'ont aucun compte à leur rendre. Au contraire,ces élites sont entièrement dépendantes d'une légitimation extérieure.Le cas palestinien est frappant. La compétition entre leFatah et le Hamas a toujours été acceptée, jusqu'au jour où la légitimationpopulaire a supplanté la légitimation extérieure, celle qui donne à l'Autoritépalestinienne le statut de « partenaire » agréé. A partir du moment où l'ondécide que les avis des populations ne comptent pas, on ouvre la voie au jeudes « interventions extérieures ». Quand le roi saoudien et le présidentégyptien boycottent le sommet arabe, ils ne le font pas parce que les citoyenssaoudiens ou égyptiens sont plus que dubitatifs à propos de la pertinence desréunions arabes. Ils ne le font pas parce que la Syrie porte atteinte à leursintérêts nationaux car cela n'existe pas. Ils le font tout simplement parce queles Etats-Unis le leur demandent.Avec tous ses travers, le régime syrien a au moins lemérite d'avoir ses propres vues et d'essayer de ne pas plier face aux pressionset aux menaces. Le plus affligeant est que les « divisions, les problèmes et lahaine entre les pays arabes », dixit Kadhafi, n'ont même pas la vertu del'originalité. Ils sont le plus souvent empruntés de l'extérieur et adaptés auxcontours des ego.Comment s'étonner dès lors que les opinions aient lesentiment que le plus grand membre de la Ligue arabe, ce sont les Etats-Unis ? A ce rythme,pourquoi ne pas inviter Mme Rice au sommet, ou mieux,pourquoi ne pas l'organiser à Washington ? Aucune institution commune - celavaut pour la Liguearabe comme pour d'autres comme l'Union du Maghreb arabe - n'a de chance devivre et de durer quand les sociétés sont exclues de la politique. C'est cetteingérence forte des sociétés qui rend les dirigeants forts et surtoutresponsables. La faiblesse arabe est dans sa carence démocratique.


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