Algérie - A la une

Et tandis que les images défilent...



Nous aurons, sans doute, été nombreux à suivre avec émotion, grâce aux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, la cérémonie qui alliait recueillement et adieux. Il est des mots qui frappent quand l'opinion publique éprouve comme un besoin urgent de les dire, pour mieux accompagner et mieux dire son deuil !Et tandis que les images défilent, on comprend pourquoi lorsque ce sont d'anciens responsables qui s'en vont, pour l'éternité, rendre compte de leurs actes ici-bas, ils n'inspirent pas, en disparaissant, ces émotions que seul le respect, que l'on éprouve à l'égard de quelqu'un, suscite.
Le départ de Lakhdar Bouregraâ, l'un des derniers témoins de la guerre de libération, a réveillé un ressentiment tout juste contenu. Une colère qui marque de nouveau le pas et rappelle qu'elle continue de couver et qu'elle est prête à relancer la contesta à la moindre douleur ou provocation. Depuis l'apparition de la Covid-19, ceux qui, au c?ur du système, ne croyaient plus en une fin possible des marches hebdomadaires respirent un peu mieux.
L'enterrement du moudjahid aura, pourtant, révélé bruyamment que les comptes n'étaient toujours pas soldés. La foule en colère qui a accompagné le défunt à sa dernière demeure a averti, à haute voix, qu'elle ne renonçait pas à ses revendications. Un déferlement de proches et d'inconnus ont fait le déplacement pour lui dire un dernier merci.
Emouvante communion, organisée pour enrichir l'histoire de ses engagements héroïques dans un rejet unanime des nouveaux tenants de la mémoire algérienne. De tous ceux qui parlent avec arrogance et exaltation au nom des chouhada. Pourquoi ne pas plutôt rendre service au pays en renonçant à tromper l'Algérie d'en bas ' Quelqu'un me disait en évoquant feu Bouregraâ, emporté par le maudit virus, qu'il avait longtemps été hanté par ce que les «il faut aller jusqu'au bout» et «merci mille fois» avaient valu aux Algériens.
Depuis que la rue a décidé d'attendre avant de donner ou non son quitus à une candidature déclarée par les autres, mais pas par elle, le discours officiel destiné à l'opinion publique n'a pas changé. Il n'a pas plus mué pour gagner la scène politique.
M. B.
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