Algérie - A la une



Escalades malvenues
La régularité des attaques et le matraquage médiatique en provenance de Rabat contre l'Algérie ont pris au cours de ces deux dernières années des contours particulièrement inquiétants. Après le refoulement de réfugiés syriens vers les frontières algériennes, il y a eu l'épisode malheureux de la profanation préméditée de l'emblème national à Casablanca. Les autorités marocaines, loin de se calmer et de rester dans la bienséance diplomatique, sinon de chercher à bâtir des relations fraternelles avec l'Algérie, s'obstinent à perpétuer un climat politique malsain dans la région maghrébine.En s'attaquant à tout bout de champ à l'Algérie, les autorités de ce pays ne font que plonger la région tout entière dans une sorte de froid préjudiciable à l'émancipation des peuples de la région, voire à un développement régional bénéfique pour les pays maghrébins. Sinon quelle lecture politique donner à ce que le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra avait qualifié, à propos des dernières déclarations officielles marocaines sur une prétendue agression d'un Marocain par des éléments de l'ANP, d'escalade verbale. En fait, les autorités marocaines veulent perpétuer et maintenir une tension politique permanente avec l'Algérie.Une stratégie adoptée d'ailleurs depuis l'annexion du Sahara Occidental par le Makhzen qui voudrait dès lors se présenter à la communauté internationale, et particulièrement pour ses mentors français et américains, comme une victime de l'Algérie qui par ricochet devient l'élément déstabilisateur dans la région. Sinon quelle finalité politique à cette féroce campagne anti-algérienne montée par Rabat à propos de ce quidam qui aurait été blessé par des tirs de soldats algériens à partir de la frontière. Et, sur ce registre, si le ministre algérien des Affaires étrangères estime qu'il s'agit en réalité ‘'d'une mauvaise stratégie de la tension», il y a tout lieu de croire qu'à Rabat l'agenda politique du Palais royal reste centré sur l'Algérie, non pas pour la recherche de mécanismes de rapprochement, mais pour justement pourrir des relations déjà passablement mauvaises.A cela deux raisons principales: l'étau du Maroc sur le Sahara Occidental est actuellement en train d'être progressivement allégé. Il y a d'abord le champ des droits de l'homme dorénavant pris en compte par la communauté internationale au Sahara Occidental, ensuite la politique d'invasion marocaine dans ce territoire non autonome ne fait plus aucun doute à l'ONU. L'autre second volet de ce bellicisme gratuit des autorités marocaines contre l'Algérie s'explique par la profonde crise sociale dans laquelle le gouvernement Benkirane est embourbé. Une crise sociale qui a été marquée mercredi par une grève générale des syndicats qui ont appelé le gouvernement à répondre à leurs revendications, dont la hausse des salaires et l'amélioration des conditions de vie des Marocains. Il y a également la mauvaise conjoncture économique, avec une croissance de moins de 3% et un déficit budgétaire de plus de 5% du PIB, sur fond de recul des exportations de phosphates tirés des mines du Sahara Occidental.Tout cela fait désordre à l'échelle locale et les partis, dont la gauche marocaine, demandent déjà des comptes au gouvernement, à moins de deux ans des prochaines élections législatives. Provoquer des incidents diplomatiques avec l'Algérie et chauffer l'opinion publique marocaine est devenu un des ersatz politiques que le Makhzen a trouvé ces dernières années pour ne pas subir la colère de la rue marocaine. Et une profonde remise en cause de la monarchie, ébranlée d'ailleurs par les revendications des jeunes du Mouvement du 20 février et dont les responsables ont été harcelés, jetés en prison. Faut-il dès lors paraphraser Ramtane Lamamra pour dire que ‘'ce qui est excessif est insignifiant»'




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