Algérie

Erreur d'appréciation



Même les profanes le savent désormais: une guerre commencepar la destruction du système de communication de l'ennemi. En prenant ladécision de suspendre le chef de la sécurité de l'aéroport et en décrétant«illégal» le système de communication du Hezbollah, le gouvernement libanaissemble avoir totalement sous-estimé la riposte du Hezbollah. Que le Hezbollahdispose de son propre système de communication n'est pas un secret et il a étéla clé de sa résistance et de sa capacité de riposte lors de la guerreisraélienne de l'été 2006. Ce système existait quand le Hezbollah faisaitencore partie du gouvernement avant novembre 2006. Le groupe du 14 Mars n'yavait pas vu une atteinte à «l'autorité de l'Etat».Le Liban est dans une grave crise politique mais toutes lesparties fonctionnaient sur l'accord tacite que les empoignades doivent demeurersur un terrain purement politique. Cela signifie concrètement s'abstenir detout acte qui pourrait être perçu par l'autre partie comme un passage desméthodes non politiques. Les armes de la résistance, son existence même, ontété les causes de la guerre, vaine, menée contre le Liban par Israël avecl'appui des Etats-Unis. Les Américains n'ont pas abandonné cet objectif. Legroupe au pouvoir, très lié aux Américains et aux Saoudiens, sait que laquestion des armes est sensible et qu'elle n'est soluble que dans le cadre d'unarrangement politique entre Libanais.En prenant ses mesures contre le Hezbollah, à la demande deWalid Joumblatt, encore une fois mal inspiré, le gouvernement libanais s'esttendu un piège et a fait preuve d'un grave manque de sens politique. Comment unmouvement de résistance dans le collimateur des Etats-Unis et d'Israël - laguerre de l'été et le récent assassinat de Imad Moughnieh par le Mossad montrent que ce n'est pas de laparanoïa - pouvait-il évaluer de telles mesures autrement que comme un acte deguerre ? Dans une implacable logique militaire que Hassan Nasrallahy a vu le commencement d'une guerre. Son but, selon lui, est de briser lachaîne de commandement, vitale pour la résistance, et dévoiler ses dirigeantsdont la liquidation physique est ouvertement programmée par Israël. S'agissait-ilpour l'inspirateur de la mesure, Walid Joumblatt, quia dû en référer aux Américains, de mettre à l'épreuve le Hezbollah ? Dans cecas, il a la preuve qu'il a fait une terrible - une de plus - erreur de calcul.Le Hezbollah a choisi de riposter. Saad Hariri a compris, tardivement, cetteperception du Hezbollah. Il cherche à sortir du piège dans lequel songouvernement s'est enferré en parlant de «malentendu» et en demandant à ce queces mesures soient laissées à l'appréciation de l'armée.La tentation de recourir au coup de force pour sortir dublocage est un grave risque pour l'existence même du Liban. Les mesuresannoncées par le gouvernement sont inapplicables, elles braquent inutilement unacteur essentiel sur la scène libanaise tout enmettant en péril l'unité de l'institution militaire. Compter sur les appuisextérieurs pour se dispenser d'une recherche d'un consensus politique nationalacceptable est une dramatique erreur d'optique. Le Liban n'y survivra pas. Ilfaut espérer que les acteurs politiques se décident enfin à nationaliserdéfinitivement la solution et s'abstiennent de suivre les recommandations malinspirées aux conséquences mortelles.
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