Abderrahmane Madani-Fouatih, le wali de Mila, s’exprime, dans cet entretien exclusif accordé à El Watan, sur des questions relatives au développement local, en mettant en relief sa stratégie pour booster les différents secteurs d’activité dans une wilaya qui souffre d’un sous-développement chronique malgré les enveloppes financières faramineuses qui lui ont été accordées dans le cadre des plans quinquennaux depuis 1999. Il évoque les secteurs de l’agriculture, de l’hydraulique, l’investissement et le logement, entre autres.
- Comment avez-vous trouvé le chef-lieu de wilaya à votre arrivée, en octobre dernier?
Sale, affreusement sale. En cause, la démission totale des responsables de la commune et l’incivisme des citoyens. En plus de ses moyens modestes, la commune ne manifestait aucun enthousiasme pour le cadre de vie qui était alarmant. J’ai eu le sentiment que la commune avait besoin d’un véritable plan Marshall à un moment où les ressources financières se réduisent comme peau de chagrin. Un dilemme.
On a décidé alors de créer le comité de la ville de Mila, Covimil, qui se substituera à la commune en matière de ramassage des ordures, d’éclairage public, de transport, d’établissement de plans de circulation, d’entretien des espaces verts, etc. Et cet organisme, je dois le souligner, ne peut mener sa tâche à bien sans l’adhésion des riverains que j’invite à participer positivement à la réussite des actions que mène et mènera ce comité.
- Mila est une région agricole par excellence. Mais l’agriculture participe modestement à l’économie nationale. Qu’envisagez-vous pour rentabiliser le secteur?
L’ail coûte 10 DA à Télaghma, alors qu’on continue d’importer ce produit en devises. C’est un problème d’organisation : s’il y avait des réseaux de distribution et des structures de stockage efficients, la récolte de l’ail de Télaghma pourrait suffire à la consommation nationale. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser le secteur à travers la création de pôles spécialisés. Nous projetons de créer une zone d’agroalimentaire à Ouled Khlouf, une autre de froid à Télaghma, une troisième d’élevages ovin, bovin et avicole à Aïn Tinn. Nous allons encourager les exportateurs locaux des produits de la terre (oignon sauvage, escargot, maraîchage), ainsi que le segment de la transformation agroalimentaire par la création de nouvelles conserveries. En outre, nous mettrons en exploitation, dès juillet prochain, une partie du périmètre irrigué de Télaghma sur une superficie de 1.100 hectares. Nous avons obtenu l’accord du ministère et de l’Office national d’irrigation (ONID).
- Vous comptez donc impliquer le capital privé...
Oui, nous tablons exclusivement sur l’investissement privé.
- L’investissement privé n’a pas réussi, la plupart des assiettes foncières accordées ont été détournées de leur vocation. Que comptez-vous faire contre les pseudo-investisseurs?
Malheureusement, cela est vrai. Des centaines de bénéficiaires de terrain n’ont pas concrétisé leurs projets, au moment où des centaines d’autres ont loué ou vendu les leurs ou sont en passe de le faire. A la zone d’activité de Chelghoum Laïd, de nombreux lots à caractère industriel sont proposés à la location, voire à la vente. J’ai adressé des mises en demeure aux concernés : s’ils ne démarrent pas les travaux de réalisation de leurs affaires dans six mois, ils seront dépossédés des lots de terrain dont ils ont bénéficié. Et le même ultimatum est valable pour les futurs investisseurs.
- La moitié des communes de la wilaya n’est pas raccordées à Beni Haroun. N’est-ce pas un paradoxe dans la capitale de l’eau?
Seize communes des 32 que compte la wilaya sont branchées au réseau de Beni Haroun. Les autres le seront dans un avenir proche. Des études sont lancées localement par la direction des ressources en eau pour le branchement de cinq communes du sud de la wilaya.
Pour les onze communes du nord, aux reliefs difficiles, les études de leurs projets respectifs se font par l’ADE, au niveau central. J’ai appris que ces études ont atteint un taux d’avancement de 45%. Pour les études des cinq communes du sud, le taux d’avancement est plus important. D’ailleurs pour Sidi Khelifa, l’étude est achevée et les travaux de réalisation du réseau de distribution sont lancés.
- La commission parlementaire qui s’est rendue récemment à Mila a soulevé le problème de l’enclavement du chef-lieu de wilaya par rapport à l’autoroute Est-Ouest. N’est-il pas dans vos projets d’ouvrir la ville sur l’autoroute?
Si, mais cela ne dépend pas uniquement de la wilaya. Dans tous les cas, le ministère est très sensible à la question. Le 23 mai, la commission d’arbitrage du ministère des Travaux publics statuera sur la question. Nous allons dépêcher une commission pour défendre le dossier de notre wilaya. Aucun effort ne sera épargné pour avoir un accès direct à l’autoroute.
- Est-il vrai que vous avez instruit la direction du commerce de ne plus délivrer de registres aux commerçants qui n’auront pas achevé et ravalé les façades de leurs magasins?
C’est bien vrai. C’est une décision que j’ai prise pour mettre fin à l’anarchie de l’aspect esthétique de la ville. Aucun commerçant ne sera autorisé à exercer avant d’avoir correctement achevé la façade de son magasin. D’ailleurs, j’ai appris que le ministère a adopté la démarche et s’apprête à la généraliser au plan national.
- Qu’en est-il de la rumeur qui court sur votre départ pour la wilaya de Constantine?
J’ai appris la chose comme vous, par la vox-populi! Officiellement, il n’y a encore rien.
Kamel B.
Depuis plus de 30 ans date à laquelle Mila a été promu chef-lieu, elle a été toujours à son état de hideux grand village. Avec l'arrivée de Mr Madani un homme de terrain et qui porte bien le Nom en rapport, les choses commencent à changer vers le positif grâce à sa vaillance et ses directives. La population toute entière applaudi tout ce qui est en train de se réaliser pour voir enfin un bel aspect de leur ville qui sort petit à petit de sa laideur accumulée au fil des années par la faute des responsables qui sont passés et qui ont emboîté le pas à certains élus véreux et corrompus. Toute la population soutient et tient à son nouveau wali jusqu’à ce qu'il achève le laborieux travail qu'il a entamé. Un citoyen jaloux de sa ville
Sekilli Zakaria - Retraité - Mila, Algérie
21/05/2016 - 299244
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Posté Le : 17/05/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Entretien par Kamel B.
Source : elwatan.com du lundi 16 mai 2016