Algérie - Revue de Presse


Craintes chez des employés Au siège de l?unité MagMos, c?est la mobilisation de la dernière chance pour les dizaines d?ouvriers qui continuent de croire à un improbable sauvetage de leur entreprise. Organisés autour de leur section syndicale, femmes et hommes semblent abattus à l?idée que la PME où ils ont passé la plus grande partie de leur vie active serait en train de vivre ses derniers instants en sa qualité d?EPE, relevant du secteur public. Construite durant la décennie 70 par une importante et renommée société suédoise, l?ex-ENAFROID de Mostaganem détient une capacité nominale de 30 000 mètres cubes de froid négatif et positif et plusieurs tunnels de congélation, ainsi qu?un impressionnant atelier de conditionnement. Elle fut l?une des plus dynamiques unités industrielles de la région, notamment lors des années fastes de l?importation de poissons congelés de Mauritanie et de viande surgelée depuis l?Amérique latine. Ses entrepôts frigorifiques ne désemplissaient pas de victuailles qui faisaient le bonheur des consommateurs qui se souviennent encore de ces nombreuses servitudes qui soulageaient fortement le porte-monnaie du consommateur. Les barquettes de viandes hachées et de merguez qui étaient surtout distribuées durant les mois du ramadhan, attiraient une foule insatiable de citoyens. Puis suivra la période des vaches maigres durant laquelle l?entreprise fera beaucoup d?efforts pour maintenir un certain rythme de travail. C?est certainement la restructuration des entreprises -et la crise de la fin des années 80 qui aura raison d?une grande partie des PME du secteur public-, qui entraînera des difficultés pour cette entreprise jusque-là très florissante. Aux difficultés financières, suivra la valse des directeurs. Ce qui finira par faire entrer l?entreprise dans une zone de turbulences, laquelle laissera beaucoup de séquelles. Ne parvenant plus à équilibrer ses comptes, MagMos sera contrainte d?en appeler à sa tutelle, le groupe AgroFroid/Spa qui, par une résolution de l?assemblée générale extraordinaire du 07/09/2004, décide du maintien de l?activité de l?EPE et mande le directeur général d?appliquer un plan de redressement, tout en veillant à mettre en conformité son budget prévisionnel pour l?année suivante. Apparemment, ce ne fut qu?une autre tentative de maintenir en activité une unité qui n?avait plus les moyens de sa politique. Durant le dernier trimestre 2007, l?entreprise est de nouveaux sous les feux de la rampe avec, d?un côté, le propriétaire qui affiche sa volonté de ne plus maintenir l?activité de l?entreprise en raison des résultas négatifs pour l?exercice en cours, et de l?autre, un partenaire social qui revendique une participation au processus de liquidation qui se prépare. Par lettre du 8 janvier 2008, le directoire du groupe AgroFroid rappelle à l?intention du directeur de MagMos la non application de la résolution du 7 septembre 2004, -par laquelle le groupe prorogeait l?activité de l?entreprise- qui devait se traduire par la mise à exécution du plan de redressement. Liquidation S?appuyant sur un résultat négatif de 17 millions de dinars, le directoire décide de la mise à exécution des dispositions du code du commerce et notamment ses clauses relatives à la convention collective, qui devra fatalement se traduire par une liquidation pure et simple de MagMos. Toutefois, dans sa lettre, il est rappelé que cette liquidation sera précédée de l?application du projet du volet social dans lequel sont soulignés incidemment les départs à la retraite ? pour les personnels remplissant les conditions d?éligibilité- et les départs volontaires qui s?appliquent aux autres employés. Le directoire ajoutera égalent que cette liquidation devrait intervenir dans les plus brefs délais. La lettre se termine par cette formule lapidaire : « veuillez en informer le partenaire social », qui n?échappera pas à la vigilance de la section syndicale. Elle décidera de saisir le directoire qu?en cette qualité, elle détient un droit de regard sur le processus de liquidation. Entre temps, le licenciement du directeur par intérim qui venait tout juste d?être installé, aura largement contribué à créer un climat délétère au sein de l?entreprise qui, à l?entame de l?année 2008, se trouve confrontée à la fronde des travailleurs et à la volonté affichée des pouvoirs publics de procéder à sa liquidation. Cette dernière est devenue quasiment incontournable. Il n?en demeure pas moins que les travailleurs revendiquent le statut de partenaire social qui leur donnerait des droits que ni les départs volontaires, ni à fortiori la retraite, ne peuvent leur garantir. Ce sont ces enjeux qui auront incité l?ex-DG intérimaire et la section syndicale qui le soutien à entamer cette ultime tentative d?influer sur le cours des évènements. En leur déniant, par lettre du 15/01/08, le statut de partenaire social à part entière, le directoire aura déjà montré la voie qu?il entend emprunter afin d?en finir avec une situation qui n?aura que trop duré. Ce fleuron de l?agroalimentaire devra se façonner une autre destinée, à la faveur d?une privatisation imminente.


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