Algérie - A la une

Entre le vertige du néant et un futur possible


Par : Faïka Medjahed
Psychanalyste
Nous vivons des temps étranges, des temps où nous n'avons prise sur rien, à cause d'un minuscule virus qui a bouleversé nos vies et notre perception des choses, nous tenant en haleine jour après jour et nuit après nuit, et comme dans un cauchemar du fond de son invisibilité, le virus a réveillé des démons qu'on croyait avoir chassés à jamais et révélé l'incroyable déni de la réalité de notre société fragmentée et qui fragmente le corps et l'esprit de chacun(e).
L'épidémie de coronavirus a mis en évidence l'état sanitaire du pays avec, en arrière-fond, le désastre de la culture et de l'ignorance qui dénie toute approche scientifique et rationnelle. Nonobstant les ratés enregistrés çà et là dans la prise en charge de la pandémie, partout dans le monde, des médecins et des chercheurs travaillent d'arrache-pied pour trouver un traitement efficace ou un vaccin qui guérit cette maladie sans effets secondaires, ou qui peut la réduire à une simple grippe comme les autres.
La question qui se pose aujourd'hui est comment mieux gérer cette grave crise et surtout comment associer tous les acteurs de la société : les professionnels de la santé, en passant par les médias, la société civile, les forces de sécurité et politiques pour que nous puissions ensemble œuvrer pour sortir de cette crise que connaît notre pays '
Les décisions prises récemment visent le principe de précaution. Mais on semble oublier qu'il y a deux faces à ce principe.
D'un côté il s'agit de : faire baisser les dangers, et là, le principe est justifié par le savoir scientifique actuel que l'on a de la maladie pour appliquer les meilleurs traitements du moment ; connaître le mode de propagation du virus pour s'organiser et en contenir l'étendue.
Des décisions justes ont été prises jusqu'à présent concernant l'usage de la chloroquine et le port d'un masque de protection.
Il a manqué à ces mesures un accompagnement médiatique et des tests massifs de détection du virus dans la population, pour rapidement détecter les foyers d'apparition du virus pour en contenir la propagation.
À cela, il a été préféré des mesures de confinement incohérentes et parfois traumatisantes. En outre, le principe de précaution a été totalement occulté car il s'agit aussi dans ce principe de faire baisser l'anxiété qui s'est exprimée différemment et confusément par chacun(e) et qui a traversé toute la société, et on sait aujourd'hui que le stress est la principale cause des maladies psychosomatiques et de la procrastination.
Récemment, ce peuple a montré au monde entier son sens de la responsabilité, sa conscience des rapports de force en jeu, son pacifisme, son humour et sa volonté de participer activement et à sa manière à l'émancipation de l'humanité.
Aujourd'hui, nous avons plus que jamais besoin que chacun(e) puisse trouver sa place dans la société pour se réaliser, se réinventer, dépasser ses peurs et partager avec les autres ce feu intérieur qui brûle continuellement en chacun(e) pour l'inscrire dans notre histoire commune et lui donner un sens pour ne pas perdre cette confiance durement retrouvée.
Le vivre-ensemble exige de partager la culture et la connaissance qui sont une façon de retisser les liens soumis à des rudes épreuves, car nous savons que le lien entre l'individuel et le collectif est déterminant pour notre santé physique et psychique.


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