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Il faudrait un sacré deus ex machina ? beaucoup moins polémique et folklorique quand même que Ali Aya ? pour desserrer le bras de fer entre le ministère de l'Education nationale et le Cnapeste. Les deux parties semblent avoir tant misé dans la confrontation qu'elles se retrouvent toutes deux piégées.Reculer pour Benghabrit équivaut à son affaiblissement définitif face à des conflits futurs qui ne manqueront pas de naître dans le secteur à la faveur de l'accentuation prévisible de la crise financière et son corollaire de restriction en matière de dotation budgétaire. La justice ayant statué sur le caractère illégal de la grève, la concession coûterait également un «précédent» qui pourrait désarmer les autorités sur d'autres fronts de protestation déjà en préchauffage.
La partie n'est pas non plus évidente pour le Cnapeste ; le syndicat est allé trop loin dans le face-à-face pour ne pas se faire lourdement désavouer en cas de repli, sans contrepartie, sur sa position actuelle.
Ce sigle, le seul à ne pas avoir signé en 2015 la charte d'éthique et de stabilité dans l'éducation, adoubée par tous les autres syndicats du secteur, a peut-être trop cultivé l'image de l'irréductibilité et le découvre à ses dépens. Il joue son va-tout en l'occurrence. Une sortie par le renoncement achèverait de le décréditer auprès de ses adhérents, et un surcroît d'entêtement l'exposerait aux foudres de l'opinion et préparerait le terrain, comme le susurrent certaines voix, au réexamen de son agrément.
Les distances prises par les autres syndicats, récemment, avec les «méthodes du Cnapeste», sont venues en effet s'ajouter à l'érosion certaine de son capital sympathie dans l'opinion, notamment dans les wilayas de Blida et Béjaïa où l'année scolaire est pratiquement perturbée depuis la rentrée. C'est en tout cas grâce ou à cause du Cnapeste que l'on a vu des lycéens et des parents d'élèves sortir dans la rue, pratiquement pour la première fois, pour réclamer la reprise des cours en endossant majoritairement la responsabilité du statu quo aux camarades de M. Boudiba.
Les engrenages non maîtrisés de «l'escalade disproportionnée», selon le mot de la ministre de l'Education, partis de soucis locaux, pour finalement brasser des revendications à caractère national, semblent avoir même mis à rude épreuve les porte-parole du syndicat, ne sachant plus quelle communication adopter pour convaincre.
Le syndicat, qui ne brillait pas particulièrement par des positions d'ouverture et de modernité concernant la réforme de l'école, a prêté le flanc à ses adversaires en donnant l'image d'un groupe corporatiste, exclusivement arc-bouté sur les intérêts primaires de ses affidés et attendant au tournant Nouria Benghabrit.
La solide popularité de la ministre de tutelle, le soutien pour l'heure non démenti des hautes sphères du pouvoir, les promesses de renouveau qu'elle continue à incarner même si elle évolue au sein d'un système politique figé et fortement discrédité, lui donnent théoriquement la force de résister à la tempête.
Le Cnapeste, pour sa part, va encore pouvoir miser un peu sur le thème des menaces sur le droit de grève consacré par la Constitution et sur l'«abus autoritaire» du recours aux radiations pour maintenir mobilisées les troupes et résister. Son dernier appel au président de la République, l'invitant à intervenir pour débloquer la situation, est peut-être le signe que le syndicat doute et voit venir l'essoufflement, et plus tard la faillite.


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