Algérie - A la une

En séduisant Davos
Le président chinois Xi Jinping s'est posé mardi en champion d'une mondialisation irréversible, offrant à l'élite économique de Davos un profil de gendre idéal du libre-échange et un contrepoint à Donald Trump et ses tentations protectionnistes.La grande salle du Palais des Congrès était pleine comme un oeuf, signe des attentes des chefs d'entreprises, ministres, décideurs de tout poil réunis cette semaine dans la station de ski enneigée pour le Forum économique mondial.Ils n'ont pas été déçus. M. Xi a servi un discours de près d'une heure, ciselé de paraboles ("l'économie mondiale est un grand océan", "la mondialisation est une lame à double tranchant") et de références littéraires, chinoises mais aussi occidentales, quand il a rendu hommage à Charles Dickens ou au discours de Gettysburg d'Abraham Lincoln. Surtout, il leur a tenu un discours rassurant et favorable à la mondialisation. "Nous devons rester attachés au développement du libre-échange (...) et dire non au protectionnisme", et "toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits (...) est impossible et à rebours de l'histoire", a-t-il dit, plantant une banderille dans le dos de Donald Trump, sans le nommer. Le futur président américain, qui prendra ses fonctions vendredi, a bâti son succès électoral en dénonçant les effets de la mondialisation sur les emplois américains et menace d'ériger des barrières douanières."Personne n'émergera en vainqueur d'une guerre commerciale", a encore prévenu M. Xi."Il a utilisé cette opportunité brillamment pour tenter de prendre le +leadership+ mondial", s'est enflammé John Neill, qui dirige le groupe britannique de logistique Unipart, estimant avoir peut-être assisté à un tournant historique. D'autres participants se sont montrés un peu plus mesurés. Car depuis près de 50 ans, Davos réunit des dirigeants d'entreprises, des chefs de gouvernement, des politiciens, des artistes, toute une élite globalement acquise au libre-échange sous toutes ses formes. Ils débattent des orientations du monde dans le grand centre des congrès ou se réunissent discrètement pour parler affaires dans une salle de réunion, ou accoudés au bar, dans un grand hôtel, ou encore à l'occasion de ces fameuses fêtes qui participent à la renommée de Davos. Alors cette édition revêt une saveur particulière compte tenu de l'hostilité croissante d'un part importante des populations occidentales envers la mondialisation, notamment d'une classe moyenne en voie de déclassement. Ils ont voté Trump, le Brexit (Theresa May doit s'exprimer jeudi), et vont peut-être bousculer le jeu politique en France, en Allemagne, etc."Peut-on avoir une influence ' Non"Les chefs d'entreprises ne se sont en revanche pas vraiment émus du discours de Theresa May à Londres, qui a clairement pris la direction d'un Brexit dur."Peut-on avoir une influence' Non. Nous allons devoir vivre avec", a commenté Heinz Haller, vice-président de Dow Chemicals. Maintenant que les positions sont claires, il faut que les diplomates "travaillent très fort, sur une période très courte, pour trouver une solution bonne pour l'Europe et le Royaume-Uni", selon Pol Polman, patron d'Unilever. Sur le dossier du climat, et alors que le plus grand flou entoure la position du président élu, les participants à un déjeuner consacré à l'action des entreprises sur le climat (grands chefs d'entreprises, ancien diplomates, etc), se sont voulus rassurants, estimant que la dynamique de l'accord de Paris à la COP21 était enclenchée et que rien ne pourrait l'arrêter. La présidence Trump rendra tout au plus "la route un peu chaotique", a voulu croire un des intervenants à ce repas tenu sous l'égide des règles de Chatham House, interdisant d'identifier l'auteur de la déclaration. Ce forum de Davos est aussi celui des derniers feux de l'administrions Obama de la scène internationale. Le secrétaire d'Etat John Kerry, un habitué des lieux, a livré mardi son dernier discours hors des Etats-Unis, avertissant des dangers du populisme auquel pourrait céder le prochaine administration Trump et encourageant l'Europe: "Mon message à mes amis en Europe est le suivant : l'Europe doit croire en elle-même".Mercredi, ce sera le vice-président américain Joe Biden qui fera son dernier discours devant le forum.
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