« En Algérie, il ne faut plus faire des plans d'urbanisme ségrégatifs

Quels sont les réels problèmes de l'habitat en Algérie 'L'Algérie se trouve aujourd'hui confrontée à une crise de logement et donc, construit massivement des logements. Très souvent, quand on produit des constructions massives, on ne pense qu'au foncier, au prix et aux délais. Alors que c'est en ces moments là qu'on devrait poser les questions de recherche de qualité urbaine, de vie et de qualité architecturale pour mieux vivre ensemble, de ne pas faire de grands ensembles de logement, mais faire «la ville».Et la ville se fait à partir d'espaces publics, d'espaces communs partagés et d'une certaine vision du vivre ensemble. Ceci pourrait être très considérablement amélioré par l'expérimentation et la recherche de qualité, aussi bien sur la mixité sociale et fonctionnelle, l'environnement durable, pour retrouver le plaisir qu'on a dans les villes anciennes, dans les centres anciens qui offrent ces espaces de vie collectivePar quels moyens l'Algérie devra passer pour entamer un changement réel de la vision d'habitat 'D'abord, l'Algérie est un grand pays, très jeune, très dynamique, qui a les moyens de sa politique, avec beaucoup de diversités culturelles et territoriales, des spécificités d'évolution de la famille. Il faut se donner les moyens de laisser s'exprimer tout cela, et non pas d'avoir au contraire l'attitude bureaucratique, qui fixe des normes, des règles qui systématisent des modèles d'habitat conçus à l'étranger, projetés et parachutés sur le territoire algérien. Le changement passe par la formation des gens, par la recherche, par l'expérimentation et surtout par la reconstruction d'un outil de production spécifique propre à l'Algérie et maitrisé?et une volonté politique 'Je crois que la volonté politique existe aujourd'hui : la réalisation massive de logements, deux millions depuis 2009. Mais il ne faut plus faire des plans d'urbanisme qui sont ségrégatifs, qui fonctionnent toujours sur le zoning.C'est un urbanisme dépassé. Aujourd'hui, il faut penser «projet urbain», qualité de l'espace et se donner les outils différents et les moyens de réfléchir sur le projet lui-même. Un projet politique, de ville et de citoyen. Je pense que cette jeunesse, que l'on voit dans les universités, dans les laboratoires de recherche, représente des énergies considérables qui doivent s'exprimer et non pas se heurter, dès qu'ils sont dans la vie professionnelle, à un mur de bureaucratie et de règlementations qui ne sont pas adaptées pour faire la ville dans l'espace.