Algérie

Emir Abdelkader et le traité de la tafna


Emir Abdelkader et le traité de la tafna

Tafna “ Siga ” petite rivière du département d’Oran se jette dans la Méditerranée au golfe de Rachgoum par 3°40’ de longitude Ouest après un cours d’environ 50 km Elle est renommée par le Traité de la Tafna conclu sur ses bords en 1837 entre le Général Bugeaud et l’Emir Abd-el-Kader et dont l’objet était de fixer les limites de l’Afrique française et des Etats concédés à l’Emir. Ce traité qui fut vivement blâmé fut rompu en 1839 par Abd el Kader lui-même.

La capitulation d'Alger en juillet 1830, provoque un peu partout à l'intérieur du pays des soulèvements; Les Beni Ameurs ont alors pour chef Si Mahieddine qui est le père de l'Emir Abdelkader"; Celui ci est reconnu comme chef par les tribus Hachems de l'Ouest de Mascara, les Oulhaça à l'est de Honaine et les Beni Ameurs de Ain Temouchent . Il ralliera justement Ain Temouchent où il jouissait d'un puissant soutien. Il y rassemblera quelques 12 000 hommes qui, du 03 au 08 Mai 1831, attaque sans succès la garnison d'Oran tenue par les français; C'est là le déclenchement d'une lutte de 17 ans ou l'Emir alternera victoire et revers. Le 06 Juillet 1836, des accrochages ont eu lieu entre les troupes de l'Emir et les soldats français; Par mesure de représailles, le 10 Juillet 1836, le Général Bugeaud s'en prend à Ain Temouchent sans défense qu'il brûlera presque entièrement; Les Beni Ameurs répliquent en attaquant les environs de Ain Temouchent . C'est ce qui obligera, par ailleurs, l'occupation française à engager des pourparlers qui aboutiront le 30 Mai 1837 à la signature du "Traité de la Tafna".

Le traité qui suit a été convenu, entre le lieutenant-général Bugeaud et l'Emir Abd el Kader.

- Article 1: L'Emir Abd el Kader reconnaît la souveraineté de la France.
- Article 2: La France se réserve, dans la province d'Oran, Mostaganem, Mazagran, et leurs territoires, Oran Arzew, et un territoire, limité comme suit : A l'Est par la rivière Macta, et les marais dont elle sort ; au Sud, par une ligne partant des marrais précités, passant par les rives sud du lac, et se prolongeant jusqu'à l'oued Maleh dans la direction de Sidi Saïd ; et de cette rivière jusqu'à la mer, appartiendra aux Français. Dans la province d'Alger, Alger, le sahel, la plaine de la Metidja - limité à l'Est par l'oued Khuddra, en aval ; au Sud par la crête de la première chaîne du petit Atlas, jusqu'à la Chiffa jusq'au saillant de Mazafran, et de là par une ligne directe jusqu'à la mer, y compris Coleah et son territoire - seront français.
- Article 3: L'Emir aura l'administration de la province d'Oran, de celle du Tittery, et de cette partie de la province d'Alger qui n'est pas comprise, à l'Est, à l'intérieur des limites indiquées par l'article 2. Il ne pourra pénétrer dans aucune autre partie de la régence.
- Article 4: L'Emir n'aura aucune autorité sur les Musulmans qui désirent résider sur le territoire réservé à la France ; mais ceux-ci seront libres d'aller résider sur le territoire sous l'administration de l'Emir ; de la même façon, les habitants vivant sous l'administration de l'Emir pourront s'établir sur le territoire français.
- Article 5: Les Arabes habitant sur le territoire français jouiront du libre exercice de leur religion. Ils pourront construire des mosquées, et accomplir leurs devoirs religieux en tous points, sous l'autorité de leurs chefs spirituels.
- Article 6: L'Emir livrera à l'armée française 30.000 mesures de blés, 30.000 mesures d'orge et 5.000 bœufs.
- Article 7: L'Emir aura la faculté d'acheter en France, la poudre, le souffre, et les armes qu'il demandera.
- Article 8: Les kolouglis désirant rester à Tlemcen , ou ailleurs, y auront la libre possession de leurs propriétés, et seront traités comme des citoyens. Ceux qui désirent se retirer dans le territoire français, pourront vendre ou louer librement leurs propriétés.
- Article 9: La France cède à l'Emir, Rachgoun, Tlemcen, sa citadelle, et tous les canons qui s'y trouvaient primitivement. L'Emir s'engage à convoyer jusqu'à Oran tous les bagages, aussi bien que les munitions de guerre, appartenant à la garnison de Tlemcen.
- Article 10: Le commerce sera libre entre les Arabes et les Français. Ils pourront réciproquement aller s'établir sur chacun de leurs territoires.
- Article 11: Les Français seront respectés parmi les Arabes, comme les Arabes parmi les Français. Les fermes et les propriétés que les français ont acquises, ou pourront acquérir, sur le territoire Arabe, leur seront garanties : ils en jouiront librement, et l'Emir s'engage à les indemniser pour tous les dommages que les Arabes pourront leur causer.
- Article 12: Les criminels, sur les deux territoires, seront réciproquement livrés.
- Article 13: L'Emir s'engage à ne remettre aucun point de la côte à aucune puissance étrangère, quelle qu'elle soit, sans l'autorisation de la France.
- Article 14: Le commerce de la Régence ne passera que par les ports français
- Article 15: La France maintiendra des agents auprès de l'Emir, et dans les villes sous sa juridiction, pour servir d'intermédiaires aux sujets français, dans tous les différends commerciaux qu'ils pourront avoir avec les Arabes. L'Emir aura le même privilège dans les villes et ports français.

 

La Tafna, le 30 mai 1837, Le Lieutenant-Général commandant à Oran (Le sceau de l'Emir sous le texte arabe, Le sceau du général Bugeaud sous le texte français)




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