Algérie - El Milia

ELLE EST TOMBÉE DANS UNE DÉLIQUESCENCE EXTRÊME El-Milia, un champ de ruines




ELLE EST TOMBÉE DANS UNE DÉLIQUESCENCE EXTRÊME El-Milia, un champ de ruines
Les habitants d’El-Milia face à un cadre de vie exécrable. © D.R

Rien ne prédestine ce village légendaire, point de repère et de rencontre des natifs de la région d’El-Milia, à connaître un tel destin de ruine et de décadence.

Alors que l’activité commerciale s’est réorientée plus en bas, vers certains quartiers du sud, notamment à la rue de l’ALN, l’ancien village de la ville d’El-Milia sombre de plus en plus dans la décrépitude. Il perd toute sa grandeur, non seulement sur le plan commercial mais aussi et surtout son image du cœur battant d’une ville, elle-même défoncée et ruinée de bout en bout. Livré depuis de longues années à la gabegie, le village est aujourd’hui réduit en un tas de maisonnettes datant de l’époque coloniale menaçant ruine.

Au-delà de ces bâtisses, réunissant un héritage familial objet de litige, c’est l’état du centre de ce village qui renvoie à cette gestion maladroite de son patrimoine. Tout au long de la rue Zighoud-Youcef, traversant en longueur ce village, l’état de délabrement dans lequel celui-ci végète est visible sur ses trottoirs défoncés et représentant un réel danger pour les piétions.

La boue s’est invitée dans son espace et les rejets d’égouts, formant de multiples points noirs, font partie de son décor souillé par l’accumulation des dépôts d’ordures. Des platanes enchevêtrés et anarchiquement plantés tout au long de cette rue prennent d’année en année de la hauteur et rendent plus obscur encore un village décadent.

Sans entretien ni élagage, ces platanes risquent d’étouffer ce qui reste de ce coin, jadis paisible et faisant le bonheur de ses habitants. La plupart de ses derniers ne sont plus de ce monde, tandis que ceux qui ont passé leur temps, leur enfance et leur jeunesse dans ce village ne se reconnaissent plus dans cet état de déliquescence.

“Il ne reste plus rien, tout est tombé en ruine, non seulement les bâtisses, mais aussi les valeurs qui ont longtemps fait de ce village tout un symbole de cette ville”, regrettent des habitants, vivant mal cette anarchie dans laquelle s’est précipité leur ancien village. Et pourtant, rien ne prédestinait ce village légendaire, point de repère et de rencontre des natifs de toute la région d’El-Milia, à connaître un tel destin de ruine et de décadence.

Ses gargotes, ses cafés maures et les senteurs de ses épiciers n’ont plus leur splendeur d’antan. Son square qui a perdu ses multiples espèces de fleurs et d’arbres n’est plus qu’un espace réunissant les jeunes oisifs et désœuvrés, tandis que sa salle de cinéma, fermée et transformée en… urinoir, reflète parfaitement cette léthargie culturelle dans laquelle est plongée toute cette ville. La place des Martyrs, l’un des repères de ce village, a, elle aussi, subi les affres de cette triste décadence.

Des trous béants et des excavations défigurent tout son espace autour duquel quelques commerces résistent encore à cette descente aux enfers. Des commerces qui baissent rideau dès la fin de l’après-midi. Avant même l’appel à la prière du maghreb, tout est déjà fermé. Un village fantôme prend le relais et sombre dans une léthargie qui ne profite qu’aux jeunes délinquants qui font les quatre cents pas tout le long de la route menant à l’ancien hôpital et au café Granada.

“Je les vois chaque jour se rassembler dès 16-17h, ils viennent par petits groupes et passent leur temps accrochés à leurs portables en fumant et en s’adonnant à leurs vices”, lâche un commerçant qui quitte précipitamment les lieux à l’arrivée de ces individus. Simultanément à la disparition de ce qui reste de ce village, c’est toute la ville d’El-Milia qui continue de s’enfoncer dans la déliquescence extrême.

Plus rien ne semble résister à cette œuvre de destruction de ses infrastructures, de ses routes, de ses trottoirs, de ses jardins et de son réseau d’éclairage public. Une situation décriée de toutes parts et dont les échos ne parviennent pas à remuer les consciences des uns et des autres. Pas même celle des responsables et élus locaux, à longueur de temps vilipendés par des citoyens qui éructent leur colère sur les réseaux sociaux par des publications dénonçant l’état de gestion de cette ville.

Une ville qui ressemble plus à un champ de ruines et de pagaille qu’à une grande agglomération urbaine, qu’une circulation automobile n’obéissant à aucune règle du code de la route a rendue encore plus infréquentable.

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