Algérie

Electronucléaire algérien : Sarkozy replace la France




Le candidat de la droite à l?élection présidentielle française Nicolas Sarkozy a réussi un coup en se déclarant la semaine dernière disposé à "aider l?Algérie, avant d?autres Etats, à développer son industrie nucléaire civile" ajoutant qu?il souhaitait que "cette coopération nucléaire soit accompagnée d?un partenariat sur l?exploitation des champs gaziers". Sa rivale socialiste, Ségolène Royal, s?est distinguée, elle, par une attitude antagonique dans l?approche de ce dossier. Lors des primaires de son parti, et face à ces deux rivaux interloqués, elle s?est déclarée opposée à cette possibilité ? du nucléaire même civil - pour l?Iran. Elle n?a rien dit depuis qui vienne atténuer le sentiment, fort troublant, qu?il s?agissait d?une position transposable à d?autres pays d?Islam ne présentant pas suffisamment de « garanties stratégiques » pour la France. Nicolas Sarkozy a choisi de placer le nucléaire civil sur le terrain du business. Ce en quoi il démontre une évidente habilité tactique. Et une bonne connaissance de la donne du nucléaire en Algérie. En effet, le ministre de l?Intérieur français prend la posture d?un audacieux homme d?ouverture adoubant un programme d?industrie nucléaire en Algérie qui, sans quoi, rencontrerait de grands obstacles politiques auprès des puissants du monde, à l?image du programme iranien. L?effet auprès de l?électorat français d?origine algérienne peut être appréciable alors que le contre-coup en prise de risque politique est quasiment nul. Car dans la réalité, le programme de lancement de centrales électronucléaires en Algérie est bien plus près de l?opportunité d?affaires que de l?enjeu de sécurité stratégique. Alger a renoncé depuis la mort de Boumediène à toute ambition militaire dans le nucléaire comme l?atteste, entre autres, sa collaboration exemplaire avec l?AIE. Elle n?a donc pas besoin de « protection diplomatique » pour se lancer dans la production d?électricité d?origine nucléaire. Dans le même temps elle a maintenu un programme expérimental avec deux réacteurs de recherche. Son passage annoncé à l?industrie électronucléaire ne démarre pas d?une table rase. M. Nourredine Bouterfa, le PDG du groupe Sonelgaz, a situé à l?échéance 2008 le lancement d?appel d?offres pour la réalisation d?usines d?électricité à réacteur nucléaire au titre de la politique prudentielle de diversification des sources d?énergie primaire pour la production d?électricité. A cet état des lieux, il convient d?ajouter la disponibilité du combustible avec la montée en puissance de l?exploitation des mines d?uranium dans le Sud algérien d?une part, et celle des autres partenaires technologiques dans ce domaine outre la Chine et l?Argentine déjà présents en Algérie. Un accord de partenariat dans ce domaine a été signé avec la Russie dernièrement. Au même moment presque, un autre protocole d?accord énergétique, signé à Alger entre Chakib Khelil ministre de l?Energie, et Thierry Breton, ministre français de l?Economie ne faisait étrangement aucune référence à la coopération dans le domaine de l?industrie nucléaire civile. Sarkozy tente donc de replacer la France sur un marché d?où elle allait être exclue. Et en la matière, les entreprises françaises détiennent, il faut l?admettre, un indéniable atout technologique. Quelle importance donner dans ce cas à l?autre volet de la proposition de Sarkozy, sur l?accès français aux gisements gaziers en Algérie ? Il sait que la part d?approvisionnement de la France par l?Algérie est assurée et que l?exploitation des gisements est également un business ouvert à la concurrence des firmes pétrolières. La suggestion du troc ressemble plus à un argument pour rassurer la majorité de son électorat. Sans le bénéfice du gaz, elle prendrait « le nucléaire civil » pour un geste gratuit et dangereux au profit de l?Algérie. Avec la perspective d?un marché maghrébin intégré de l?électricité et celle de l?exportation d?excédents sur le réseau européen, un partenariat avec la France ? avec ou sans préférence gazière - dans la production d?électricité d?origine nucléaire n?est pas un non-sens industriel. Il suffit juste de laisser les professionnels des deux pays en parler en dehors des campagnes électorales.
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