Election présidentielle en Italie

Même au bar où il a l'habitude de prendre son café, le nouveau maître du palais du Quirinal ne laissait rien transparaître de son état d'âme. «Il consommait en silence, payait, remerciait et s'en allait», racontent les serveurs.Rien à voir avec le Président chaleureux et communicatif qu'était son prédécesseur. Ceux qui le connaissent expliquent que c'est depuis que son frère, ancien président de la région sicilienne, est mort entre ses bras, assassiné par Cosa Nostra, qu'il est devenu si impassible et contrôlé.Ayant occupé plusieurs fois les fonctions de ministre, Sergio Mattarella a surtout marqué les esprits des Italiens lorsqu'en 1990, il avait claqué la porte du gouvernement de Giulio Andreotti pour protester contre la promulgation d'une loi qui favorisait l'entrepreneur Silvio Berlusconi et grâce à laquelle le futur président du Conseil italien a pu asseoir son immense fortune. Le Cavaliere n'a pas oublié cet affront et c'est pourquoi il s'est opposé jusqu'au bout à l'élection de Mattarella.Devant le fait accompli, puisque la Constitution italienne permet au quatrième tour du suffrage indirect d'élire le chef de l'Etat avec un quorum de majorité simple, soit 505 voix seulement (contre les 673 des trois premiers scrutins), il a dû se résigner. En Italie, le chef de l'Etat est élu au suffrage indirect, puisque seuls les membres des deux Chambres du Parlement et 58 délégués régionaux ont le droit de voter. Hier, le quatrième vote a vu plus de 660 grands électeurs voter pour le juge.L'homme, veuf catholique, qui a occupé le poste de ministre de la Défense entre 1999 et 2001, ne déplaît pas aux Américains, avec qui il a eu des rapports étroits durant la guerre au Kosovo. Et si on lui doit l'abrogation du service militaire obligatoire, il est critiqué pour avoir nié le lien entre les armes utilisées par l'OTAN aux Balkans et les tumeurs dont ont été atteints plusieurs soldats italiens déployés au Kosovo à cause de l'usage de munitions à l'uranium appauvri.Information que ses détracteurs ont rediffusée ces derniers jours. Pas très expansif et peu expérimenté en matière de relations internationales, cet expert en droit institutionnel devra faire un effort pour ses voyages à l'étranger. Autrement, les photos officielles seront toutes empreintes de mélancolie.